Dans « Returnal », l’héroïne crève l’écran et les clichés
Exclusivité PS5, «Returnal» met en scène une astronaute d’âge mûr et renvoie à l’évolution des représentations de la femme
Disponible depuis vendredi, Returnal est la nouvelle exclusivité PlayStation 5 et le dernier présentant du «die and retry », un gameplay qui demande aux joueurs et joueuses de mourir et recommencer encore et encore pour avancer. A l’instar de jeux comme Ghosts‘n Goblins, Dark Souls ou Sekiro, mais aussi de films comme Un jour sans fin ou Edge of Tomorrow. Returnal reprend le même concept, avec son astronaute piégée dans une boucle temporelle sur la planète extraterrestre Atropos. L’héroïne, Selene Vallos, est un personnage rarement vu et rarement jouable dans un jeu vidéo, à savoir une femme gréco-américaine d’âge mûr, au physique proche de Brienne, de Game of Thrones, ou de Frances McDormand, récemment oscarisée. Si elle est surtout vue de dos et en combi, et n’a donc pas d’influence à proprement dit sur la qualité du jeu, Selene participe à une meilleure représentation des femmes dans un média… qui en a toujours besoin ?
Ms. Pacman et son ruban
Dans son livre, Héroïnes de jeux vidéo, Princesses sans détresse, aux éditions Ynnis, l’autrice Bounthavy Suvilay rappelle, études à l’appui, que les personnages féminins sont sous-représentés dans le jeu vidéo, en plus d’être souvent des stéréotypes. Pourtant, les héroïnes sont presque aussi vieilles que le jeu vidéo, avec par exemple Ms. Pacman et ses pixels ruban et rouge à lèvres. « Les années 1980 comptaient déjà des jeux mettant en scène des héroïnes, relève Bounthavy Suvilay, citant les mamans kangourou et oiseau de Kangaroo et Flicky, la Ninja Princess de Sega, ou d’autres femmes combattant des aliens dans Otenba Becky no Daibouken, Baraduke ou Layla. » Son livre liste ainsi des dizaines d’héroïnes, de Chun-Li et Lara Croft à Ellie de The Last of Us et Alyx de Half Life, et donne finalement à voir l’évolution et la diversification des représentations. L’autrice précise que même une Lara Croft, stéréotypée et sexualisée, s’est vue réappropriée par les femmes, qui en ont fait une figure puissante, à travers le cosplay, par exemple.
Et lorsque The Last of US Part II donne à jouer l’héroïne et la méchante, à moins que ce ne soit l’inverse, il s’impose haut la main comme le jeu de l’année.