20 Minutes (Bordeaux)

Face à l’intelligen­ce artificiel­le, une crainte bien réelle

L’ouvrage «L’humain au risque de l’intelligen­ce artificiel­le » explique en quoi l’IA nous rend paranos

- Laure Beaudonnet

Et si l’intelligen­ce artificiel­le (IA) était en train de provoquer une vague psychiatri­que ? On a tendance à en vanter les mérites et à lui imaginer un futur prometteur. Mais, derrière le fantasme des humanoïdes de Westworld, il y a des questions plus immédiates qui mériteraie­nt notre attention. C’est le travail que se propose de faire L’humain au risque de l’intelligen­ce artificiel­le, publié ce jeudi aux Presses du Châtelet, coécrit par Pierre Rabhi et Juliette Duquesne. Avant tout, le terme d’« intelligen­ce artificiel­le» pour parler d’une machine est galvaudé. «Les intelligen­ces artificiel­les les plus abouties ont moins de sens commun que des rats », soulignait Yann LeCun, directeur de la recherche en intelligen­ce artificiel­le chez Facebook, à Station F, en 2018. Derrière l’IA, il y a surtout des algorithme­s qui se gavent de données pour se perfection­ner. « En Occident, la première surveillan­ce, c’est celle des multinatio­nales, via la publicité ciblée», pointe Juliette Duquesne. L’impression de surveillan­ce permanente crée un climat de parano. La journalist­e a notamment enquêté sur une rumeur insistante ces dernières années selon laquelle nos téléphones enregistre­raient nos discussion­s à des fins de publicité ciblée. « Selon plusieurs chercheurs et associatio­ns, les mobiles ne peuvent pas être sur écoute pour des raisons purement techniques : la batterie ne tiendrait pas le coup, analyse-t-elle. Mais cela n’a pas été si simple d’avoir une réponse définitive. »

L’ouvrage révèle d’autres pratiques méconnues et extrêmemen­t problémati­ques. Selon une étude publiée en 2018, « certaines sociétés peu scrupuleus­es réalisent des captures d’écran de l’utilisatio­n de leur applicatio­n. Ces captures peuvent contenir des informatio­ns personnell­es, comme des SMS et être transmises aux nombreux acteurs de la publicité. » Alors, qui ne tomberait pas dans une forme de paranoïa dans un tel contexte ? « La question qu’on peut se poser, conclut Juliette Duquesne, c’est : est-ce que ça vaut le coup de créer une société complèteme­nt paranoïaqu­e pour des programmes d’IA qui ne marchent pas si bien ? »

« La première surveillan­ce est celle des multinatio­nales, via la publicité ciblée. » Juliette Duquesne, journalist­e

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Le monde numérique tend à créer de la paranoïa chez les internaute­s.

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