L’inventaire de l’esclavage
Rechercher d’anciens propriétaires d’esclaves et connaître les indemnités perçues lors de l’abolition est aujourd’hui possible grâce à un site.
C’est un projet sur lequel chercheurs et chercheuses travaillent depuis deux ans : ce vendredi, à trois jours de la Journée nationale de commémoration des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, une base de données est rendue publique. Elle répertorie tous les propriétaires d’esclaves français qui ont touché des indemnités au moment de l’abolition de l’esclavage. Un site* au centre du projet Repairs (réparer, en anglais), qui pourrait bien relancer le débat sur les réparations (lire ci-contre).
La base se présente comme un moteur de recherche, où l’on peut trier par nom, ville, colonie, ou même par montant accordé. Des noms de propriétaires d’esclaves apparaissent, qui contiennent des informations biographiques et un historique des titres d’indemnités qu’ils ont reçus. Le site a deux entrées : 1825 et 1849, correspondant aux deux dates où l’on a indemnisé les propriétaires d’esclaves.
Entre 30 et 40% de femmes
Révélation assez troublante : la proportion de « libres de couleur » (descendants d’esclaves qui ont été affranchis) et de femmes bouleverse l’image que l’on se fait du propriétaire d’esclaves. La doctorante Jessica Balguy a ainsi identifié au moins 30 % de descendants d’esclaves parmi les propriétaires qui ont réclamé leurs indemnités en Martinique. Les femmes aussi sont nombreuses : entre 30 et 40 %. « Est-ce qu’on peut parler de propriétaires d’esclaves dans ce cas-là ? », s’interroge la chercheuse, pour laquelle cette base révèle « l’hétérogénéité des profils » et la multiplicité des cas de figure.