« Ils sont les défenseurs de l’identité du club »
Le sociologue Nicolas Hourcade évoque la situation similaire des supporteurs bordelais et nantais
Samedi, avant la rencontre NantesBordeaux, capitale pour le maintien en L1, de nombreux supporteurs nantais seront encore rassemblés pour « échanger sur la situation du FCN et son avenir ». A Bordeaux, les fans ont dans le collimateur Frédéric Longuépée, le président, et les propriétaires, qui viennent de se retirer. Nicolas Hourcade, spécialiste des supporteurs, décrypte cette levée de boucliers.
Pourquoi cette mobilisation est-elle aussi intense chez les supporteurs, à Nantes et à Bordeaux ?
Dans les deux clubs, il y a des divergences fortes entre les dirigeants, ou les propriétaires du club, et une frange de supporteurs, qui considèrent que la direction se préoccupe surtout de la rentabilité financière, et pas suffisamment de l’histoire du club. Ils considèrent que l’action des propriétaires est nocive. Ils se positionnent comme les défenseurs de l’identité du club.
Comment définiriez-vous les actions des ultras des deux clubs ?
Ils agissent comme un mouvement social structuré qui utilise des actions légales pour faire entendre sa voix. Ces supporteurs sont extrêmement investis dans leur passion, ont une connaissance fine du club et ont aussi des relais au sein de celui-ci.
Certains supporteurs préfèrent voir leur club descendre pour être débarrassés de leurs dirigeants. Est-ce nouveau ?
Ce n’est pas le discours majoritaire à Bordeaux. Mais il y a, dans les deux clubs, un certain nombre de supporteurs qui disent que, pour épurer la situation et pour reconstruire un club plus sain, ça peut passer par une relégation, y compris au niveau amateur.
Des ultras « ennemis » unis dans un même combat, c’est cocasse...
Ils savent qu’ils partagent des intérêts communs et des revendications identiques : un football plus « populaire », pour reprendre leur terme, et moins centré sur le seul business.