20 Minutes (Bordeaux)

Le complexe processus d’indemnisat­ion des victimes

Des personnes touchées en 2015 soulignent le rôle ambivalent du Fonds de garantie

- Hélène Sergent

Pour Philippe Duperron, «c’est une équation impossible». Président de l’associatio­n 13onze15, il a perdu son fils, Thomas, lors des attentats du 13 novembre 2015. Comme les 2592 autres victimes directes et indirectes des attaques terroriste­s de Paris et SaintDenis, Philippe Duperron et son épouse ont été pris en charge par le Fonds de Garantie des victimes des actes de terrorisme (FGTI), chargé de les indemniser.

Aujourd’hui, 5 % des dossiers font l’objet d’un contentieu­x, selon le FGTI.

« L’offre qui nous a été faite au titre du préjudice d’angoisse de mort imminente correspond­ait au montant minimum fixé par les grilles du fonds», explique-t-il. Epaulé par un avocat, le père de Thomas a refusé cette offre et décidé de contester l’ensemble de son dossier devant le juge d’indemnisat­ion des victimes d’attentats terroriste­s. Selon le FGTI, 5 % des dossiers font aujourd’hui l’objet d’un contentieu­x.

Plus de cinq ans après les faits, plusieurs victimes pointent le rôle ambivalent endossé par le fonds de garantie. «Il revendique un accompagne­ment et une prise en charge des victimes d’attentat et, en même temps, il doit fixer les montants des indemnisat­ions», estime Philippe Duperron. Récemment mis en cause sur les réseaux sociaux par certaines victimes, le FGTI a publié mercredi un état des lieux des indemnisat­ions des victimes du 13-Novembre. « Le Fonds a émis une offre d’indemnisat­ion définitive à 2 334 victimes, précise le communiqué de presse. Pour la majeure partie d’entre elles, soit 1 629 personnes victimes, l’indemnisat­ion est terminée. » En revanche, 705 victimes n’ont pas accepté l’offre qui leur a été faite. C’est le cas de Fred Dewilde. A 55 ans, ce graphiste, qui a passé près de deux heures dans la fosse du Bataclan le soir du 13 novembre, a reçu l’équivalent de 50 500 € de provisions. Mais il déplore le « combat permanent » imposé aux victimes pour obtenir une juste indemnisat­ion. Contacté par 20 Minutes, le directeur général du FGTI, Julien Rencki, se dit conscient de la souffrance que peut engendrer le processus d’indemnisat­ion : « Elle ne sera, par définition, jamais à la hauteur des souffrance­s physiques et psychiques endurées par les victimes. Nous le savons, et c’est pourquoi nous avons à coeur d’accompagne­r au mieux chacune des victimes. »

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Plus de cinq ans après les attentats, 2593 personnes ont été prises en charge.

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