20 Minutes (Bordeaux)

«Pourquoi peut-on désirer accéder au statut de victime?»

- Propos recueillis par Hélène Sergent

Publiée jeudi, l’enquête du journalist­e Alexandre Kauffmann (photo) intitulée La Mythomane du Bataclan* (éd. Goutte d’or) retrace le parcours de Florence M., fausse victime du 13-Novembre. Condamnée en mars 2018 à quatre ans et demi de prison ferme par le tribunal de Créteil, cette quinquagén­aire avait notamment obtenu 25000 € du Fonds de garantie des victimes de terrorisme.

Qu’est-ce qui vous a amené à vous intéresser à ce phénomène ?

Le paradoxe de la fausse victime m’intéressai­t. Pourquoi peut-on désirer accéder au statut de victime, alors qu’il est défini par la souffrance et le malheur ? La deuxième raison est personnell­e. Ma famille a été victime d’actes terroriste­s il y a une trentaine d’années.

Pourquoi avez-vous choisi d’enquêter sur Florence M. ?

Parmi toutes les fausses victimes, Florence M. a le parcours le plus vertigineu­x. Il est ponctué d’innombrabl­es rebonds.

A l’issue de votre travail, comment analysez-vous les ressorts de son mensonge ?

Je pense que c’est une femme victime de sa solitude et de son passé.

Contrairem­ent à d’autres fausses victimes qui ont menti dans une logique purement vénale, Florence M. avait besoin de se socialiser. Quand on est victime de cet événement, on devient un symbole, un bout de la France, un morceau collectif. Je pense que c’est ça qui l’a poussée à agir. Paradoxale­ment, son parcours a eu un côté lumineux, certaines victimes ont reconnu que Florence M. leur avait fait du bien. Elle avait un rapport fusionnel avec plein de gens. Parallèlem­ent, d’autres survivants m’ont dit que l’imposture de Florence M. leur avait fait plus de mal que l’attentat lui-même.

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