20 Minutes (Bordeaux)

«Les réparation­s peuvent différer des compensati­ons financière­s»

- Propos recueillis par A.L.

Depuis plusieurs années, des collectifs et associatio­ns françaises demandent que soient versées des sommes en vue d’une « réparation » de l’esclavage. Magali Bessone, autrice de Faire justice de l’irréparabl­e (Vrin), est membre du projet Repairs, où elle coordonne un lexique des réparation­s qui sortira en août.

Les crimes liés à l’esclavage sont-ils uniquement des crimes du passé ?

Selon la loi Taubira de mai 2001, la traite et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité. Donc, imprescrip­tibles. Cette qualificat­ion morale et juridique elle-même leur donne une épaisseur temporelle qui rend difficile de les renvoyer à quelque chose qui ne nous concerne plus.

En somme, il ne s’agit pas tant de réparer le passé que de réparer le présent…

Absolument. On ne peut pas réparer les actions du passé, l’exploitati­on, les crimes, les violences : nous devons vivre avec cet irréparabl­e. En revanche, on peut réparer les relations actuelles entre les membres de la société, et entre nos institutio­ns et nous-mêmes.

Que peut faire l’Etat pour réparer ?

Les réparation­s peuvent être très différente­s des compensati­ons financière­s. Pensons par exemple à la dimension de production et de diffusion de connaissan­ces : recherche, enseigneme­nt… Pensons à la dimension culturelle, au soutien à la production et réalisatio­n de documentai­res, films de fiction, exposition­s, musées, etc. Enfin, cela peut prendre la forme d’excuses publiques.

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