«Les réparations peuvent différer des compensations financières»
Depuis plusieurs années, des collectifs et associations françaises demandent que soient versées des sommes en vue d’une « réparation » de l’esclavage. Magali Bessone, autrice de Faire justice de l’irréparable (Vrin), est membre du projet Repairs, où elle coordonne un lexique des réparations qui sortira en août.
Les crimes liés à l’esclavage sont-ils uniquement des crimes du passé ?
Selon la loi Taubira de mai 2001, la traite et l’esclavage sont des crimes contre l’humanité. Donc, imprescriptibles. Cette qualification morale et juridique elle-même leur donne une épaisseur temporelle qui rend difficile de les renvoyer à quelque chose qui ne nous concerne plus.
En somme, il ne s’agit pas tant de réparer le passé que de réparer le présent…
Absolument. On ne peut pas réparer les actions du passé, l’exploitation, les crimes, les violences : nous devons vivre avec cet irréparable. En revanche, on peut réparer les relations actuelles entre les membres de la société, et entre nos institutions et nous-mêmes.
Que peut faire l’Etat pour réparer ?
Les réparations peuvent être très différentes des compensations financières. Pensons par exemple à la dimension de production et de diffusion de connaissances : recherche, enseignement… Pensons à la dimension culturelle, au soutien à la production et réalisation de documentaires, films de fiction, expositions, musées, etc. Enfin, cela peut prendre la forme d’excuses publiques.