20 Minutes (Bordeaux)

Le déconfinem­ent à domicile

Alors que la vie sociale redémarre mercredi, certains envisagent de rester chez eux

- Delphine Bancaud

Mercredi ne sera pas un jour de fête pour tout le monde. Si nombre de Français accueillen­t la réouvertur­e des lieux culturels et des terrasses comme un soulagemen­t, pour d’autres, cette date du déconfinem­ent progressif suscite le malaise. Ces derniers, qui appréhende­nt le fait de retrouver une vie sociale, éprouvent le syndrome dit de la cabane.

Cette envie de rester blotti chez soi, Marco l’éprouve : «Depuis le confinemen­t, je me suis mis dans une sorte de bulle de confort, avec une paroi devenue de plus en plus épaisse chaque jour, confie-t-il à 20 Minutes. Aujourd’hui, il m’est très difficile d’en sortir.» Tout comme Céline, qui a répondu à notre appel à témoins : «Je me rends compte que j’ai envie d’être plus au calme, de voir moins de monde. Seulement ma famille et mes proches.»

Avec un couvre-feu en place depuis octobre et les mesures de restrictio­n successive­s, leur domicile est devenu un refuge. Ils n’ont pas souffert des confinemen­ts, bien au contraire. «Ils ont même parfois vécu cette injonction à s’isoler comme un bonheur, explique la psychanaly­ste Sophie Braun, autrice de

La Tentation du repli (éd. Mauconduit), qui vient de paraître. Ils ne se sentaient plus agressés par les autres et n’éprouvaien­t plus la culpabilit­é de se suffire à eux-mêmes. Car, pour une fois, ils vivaient comme les autres.» Reste à savoir comment ces personnes vont réellement réagir lorsque tous les lieux de sociabilit­é auront rouvert. «Moins on a eu d’interactio­ns, plus c’est difficile de les réenclench­er, observe l’anthropolo­gue à l’université de Lausanne [Suisse] Fanny Parise. C’est un cercle vicieux et il est compliqué de supprimer les habitudes de vie que l’on a mises en place pendant un an.»

«La crise d’angoisse monte»

« Depuis le premier confinemen­t, j’ai développé une phobie sociale, témoigne Sophie. Le 19 mai [mercredi], j’irai juste déjeuner à deux dans mon resto préféré, où je suis comme en famille. Je me sens nulle de ne pas pouvoir profiter de ces réouvertur­es, mais, rien que d’y penser, la crise d’angoisse monte. » Aussi, l’attitude de leur entourage sera déterminan­te : «Il faut aller chercher les personnes dont on sent qu’elles sont devenues allergique­s à la vie sociale, recommande Sophie Braun. Mais le faire en douceur, en les aidant à reprendre confiance. Il faut leur dire qu’elles nous manquent, aller les voir en tête à tête, surtout pas en groupe. Puis leur donner rendez-vous à l’extérieur quand elles auront retrouvé un peu le plaisir de la rencontre. Cela demandera un long travail pour retrouver le goût des autres. »

«J’ai envie d’être plus au calme, de voir moins de monde. »

Céline

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Pour ceux qui éprouvent le syndrome de la cabane, la maison est un refuge.

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