20 Minutes (Bordeaux)

Attention, vous risquez d’être déçus

- Jean-Loup Delmas

Selon un sondage Odoxa du 13 mai, pour 66 % des Français, le bonheur et le soulagemen­t d’être « déconfinés » l’emportent sur l’inquiétude face à une épidémie encore présente. Et 59% d’entre eux souhaitent en priorité se refaire une terrasse le plus vite possible. Cette perspectiv­e du bonheur n’est-elle pas trop précipitée ? Ne nous y trompons pas : les terrasses fermeront à 21 h, bars et restaurant­s ne pourront pas ouvrir leurs salles intérieure­s, le masque sera toujours obligatoir­e, les tables seront limitées. Et, en plus, il pleuvra sûrement. De quoi faire des déçus.

Le psychologu­e Robert Zuili divise les Français en trois catégories. D’un côté, la majorité impatiente de ce 19 mai. « Ces personnes ont une approche assez idéaliste de la situation, avec une forte envie de revivre quelque chose d’agréable et qui manquait à leur vie. Il est possible qu’il y ait un peu de déconvenue­s, de pluie ou de places limitées en terrasse, mais récupérer cet espace de liberté – même imparfait – prendra le dessus. » Pas de problème non plus pour la deuxième catégorie, les pragmatiqu­es, qui savent que ce 19 mai sera un jour tout juste moyen à l’échelle du monde d’avant et qui «n’en attendent pas plus que ça », selon le psychologu­e. Reste la troisième catégorie. Ceux qui « ont besoin » de retrouver ce monde d’avant. Pour Robert Zuili, « à avoir trop d’attentes, on risque de se retrouver amer. Ce besoin de sociabilit­é ne sera pas rassasié avec toutes les mesures restrictiv­es encore en place. » Pour le psychologu­e, charge à chacun de respecter les ressentis des autres.

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