20 Minutes (Bordeaux)

«Le problème, c’est la justice»

Mercredi, les policiers étaient 35000 devant l’Assemblée nationale pour dénoncer leurs conditions de travail

- Caroline Politi

Pour tous, le meurtre d’Eric Masson, tué au début du mois alors qu’il procédait à un contrôle sur un point de deal à Avignon (Vaucluse), a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà trop plein. «Aujourd’hui, à chaque fois qu’on sort, on se demande dans quel état on va rentrer. Si on va rentrer, même », confie Manu, « vingt-cinq ans de maison », qui a fait le déplacemen­t depuis Toulouse pour participer au rassemblem­ent devant l’Assemblée nationale, mercredi.

Sa fille, Elodie, l’a rejoint au milieu du cortège, pour rendre hommage au brigadier, père de deux enfants. « Forcément, on s’identifie. » Selon les organisate­urs (la police, donc), ils étaient près de 35000 à braver la pluie pour participer à la manifestat­ion organisée par plusieurs syndicats. Au milieu de la foule, compacte, de nombreux politiques de tous bords tentent de se frayer un chemin jusqu’à l’estrade. A commencer par «le premier flic de France», Gérald Darmanin, accompagné du préfet de police de Paris, Didier Lallement.

«Un climat de violence»

Franck, qui porte en évidence son brassard « police », a le majeur bandé. Il y a quinze jours, il a eu le tendon sectionné, alors qu’il tentait de procéder à une interpella­tion. En poste à Lille, il affirme être confronté depuis quelques années à une montée en puissance de la violence dans son travail. A ses côtés, deux de ses collègues, Benjamin et Steven, acquiescen­t. Tous les trois racontent leur lassitude d’interpelle­r « quinze fois, vingt fois » les mêmes individus avant qu’il y ait de « vraies peines ». « Cela entretient un climat de violence, précise ce dernier. Ces jeunes se croient au-dessus de la justice. »

Les manifestan­ts applaudiss­ent à tout rompre, lorsque, à la tribune, le secrétaire général d’Alliance, Fabien Vanhemelry­ck, assure que «le problème de la police, c’est la justice». Les organisate­urs réclament la mise en place de peines minimales pour les auteurs de violences commises à l’égard des forces de l’ordre ou des pompiers. Une demande partiellem­ent entendue par le gouverneme­nt : Jean Castex s’est engagé à étendre à trente ans la période de sûreté pour les personnes mises en cause dans un crime contre un policier ou gendarme.

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Le rassemblem­ent citoyen était organisé par les syndicats de police.

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