«Le problème, c’est la justice»
Mercredi, les policiers étaient 35000 devant l’Assemblée nationale pour dénoncer leurs conditions de travail
Pour tous, le meurtre d’Eric Masson, tué au début du mois alors qu’il procédait à un contrôle sur un point de deal à Avignon (Vaucluse), a été la goutte d’eau qui a fait déborder un vase déjà trop plein. «Aujourd’hui, à chaque fois qu’on sort, on se demande dans quel état on va rentrer. Si on va rentrer, même », confie Manu, « vingt-cinq ans de maison », qui a fait le déplacement depuis Toulouse pour participer au rassemblement devant l’Assemblée nationale, mercredi.
Sa fille, Elodie, l’a rejoint au milieu du cortège, pour rendre hommage au brigadier, père de deux enfants. « Forcément, on s’identifie. » Selon les organisateurs (la police, donc), ils étaient près de 35000 à braver la pluie pour participer à la manifestation organisée par plusieurs syndicats. Au milieu de la foule, compacte, de nombreux politiques de tous bords tentent de se frayer un chemin jusqu’à l’estrade. A commencer par «le premier flic de France», Gérald Darmanin, accompagné du préfet de police de Paris, Didier Lallement.
«Un climat de violence»
Franck, qui porte en évidence son brassard « police », a le majeur bandé. Il y a quinze jours, il a eu le tendon sectionné, alors qu’il tentait de procéder à une interpellation. En poste à Lille, il affirme être confronté depuis quelques années à une montée en puissance de la violence dans son travail. A ses côtés, deux de ses collègues, Benjamin et Steven, acquiescent. Tous les trois racontent leur lassitude d’interpeller « quinze fois, vingt fois » les mêmes individus avant qu’il y ait de « vraies peines ». « Cela entretient un climat de violence, précise ce dernier. Ces jeunes se croient au-dessus de la justice. »
Les manifestants applaudissent à tout rompre, lorsque, à la tribune, le secrétaire général d’Alliance, Fabien Vanhemelryck, assure que «le problème de la police, c’est la justice». Les organisateurs réclament la mise en place de peines minimales pour les auteurs de violences commises à l’égard des forces de l’ordre ou des pompiers. Une demande partiellement entendue par le gouvernement : Jean Castex s’est engagé à étendre à trente ans la période de sûreté pour les personnes mises en cause dans un crime contre un policier ou gendarme.