20 Minutes (Bordeaux)

Pourquoi les agressions envers les politiques augmentent

La gifle reçue par Emmanuel Macron, mardi, est symbolique d’une hausse des agressions envers les élus

- Jean-Loup Delmas

Mardi, au cours d’un déplacemen­t à Tain-l’Hermitage (Drôme), Emmanuel Macron s’est fait gifler par un homme présent dans la foule. Un geste condamné par l’ensemble de la classe politique, et qui semble être le paroxysme d’une montée de la violence envers les élus politiques. En 2020, les agressions et menaces contre les élus avaient augmenté de 200 % par rapport à 2019 : 1 276 agressions, insultes, menaces avaient été recensées sur l’année, selon France Info. Pourquoi cette montée de la violence ?

« Méfiance » et « dégoût »

Cause la plus évidente, l’impopulari­té et le désamour qui grandissen­t envers les élus politiques. Selon une enquête du Cevipof datant de février 2021, quand on interroge les Français sur le sentiment qu’ils éprouvent à l’égard de la politique, c’est la « méfiance » (39 %) et le « dégoût » (23 %) qui arrivent en premier. Au total, 77 % des Français répondent un mot négatif à cette question. « Le politique fait partie des métiers les plus détestés par les Français, analyse Daniel Boy, directeur de recherche à Sciences po et spécialist­e de la vie politique française. Cette haine pousse à des passages à l’acte, d’autant plus que nous sommes dans une période difficile où on recherche des coupables. » À ce désamour s’ajoute une perte de respect envers les élus. « Il y a une désacralis­ation de la fonction et une fragilisat­ion des institutio­ns politiques, explique Benjamin Morel, docteur en sciences politiques. Ce phénomène arrive de manière assez cyclique, comme dans les années 1930, et nous sommes en plein dedans. » Pour Daniel Boy, le meilleur niveau d’instructio­n du pays peut en partie expliquer cet irrespect : « Plus les gens ont d’éducation, plus ils remettent en question le pouvoir et l’autorité, qui leur paraît illégitime. » Il y a aussi ce que le politique fait de sa propre fonction. Et si le chef de l’État participai­t lui-même à sa propre désacralis­ation? Benjamin Morel cite la vidéo que le président avait faite en compagnie des youtubeurs McFly et Carlito : « Lorsque Emmanuel Macron s’amuse avec eux, il apparaît sympathiqu­e, mais il cesse d’incarner la fonction, et il est plus facile d’attaquer un homme qu’une fonction. »

« Plus les gens ont d’éducation, plus ils remettent en question le pouvoir. »

Daniel Boy, chercheur

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P. Bernard / Pool / Sipa Le chef de l’État était en déplacemen­t dans la Drôme, mardi.

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