Des chiens formés à la détection du Covid-19
À Libourne, des maîtreschiens entraînent leurs animaux à reconnaître la présence de Covid-19 sur l’humain
C’est très, très bien ça », félicite le maître-chien en glissant une récompense à l’animal. Dans les locaux du projet Cynocov, sur le site des laboratoires vétérinaires Céva Santé animale à Libourne, avant d’enregistrer les performances des canidés, la matinée commence par un petit tour de chauffe pour leur remémorer les règles du jeu. Depuis janvier, leurs maîtres les forment à marquer lorsque les prélèvements, des compresses imbibées de sueur humaine, sont positifs au virus. Ces chiens devraient être lancés sur la piste du Covid cet été (lire l’encadré). Déjà formés à la détection humaine pour les besoins de l’armée, des pompiers et de la gendarmerie, les cinq jeunes chiens répondent au doigt et à l’oeil à leurs maîtres avec lesquels ils forment un binôme indissociable. Ils défilent dans la petite pièce en longueur dans laquelle ils sont invités à glisser leurs truffes dans des cônes contenant des prélèvements neutres, positifs ou négatifs. « L’animal réalise une action de flairage sur chaque cône, il faut alors le valoriser quand il fait un marquage positif et, à l’issue, on essaie de valoriser l’ensemble de son travail par un jeu, explique Bruno Carré, formateur de maîtres-chiens et conseiller technique au SDIS Gironde. Il faut qu’il garde l’engouement pour continuer à travailler et à répéter les flairages. »
Un duo irremplaçable
Seul le maître peut interpréter les marquages du chien qu’il a « façonné » au cours du dressage. Le labrador du lieutenant Bruno Carré se couche devant le cône quand il a identifié le virus et Lucky, un malinois de cinq ans, dressé par l’adjudant Jean-François Bachelier, s’assoit. La formation demande de la concentration à cet animal pour qui travailler en intérieur n’est pas évident. « L’effort est bref, mais il doit être précis », résume Jean-François Bachelier.
Pendant les tests, le maître-chien ignore également quels sont les prélèvements positifs pour ne pas donner à son insu des indices à l’animal qui décrypte en permanence son comportement et tient surtout à lui faire plaisir. Leur complicité ne doit pas biaiser les résultats. Jusqu’à maintenant, les chiens marquent de la même façon, avec une fiabilité proche de 95 %, quels que soient les variants sous leur nez. « On ne peut pas certifier un chien comme un PCR, il y a forcément de la variabilité, prévient Pierre-Marie Borne, chargé du projet Cynocov pour Céva Santé animale. Ils sont utiles pour de la prédétection. » Les besoins en formation pourraient en tout cas être importants si cette piste de la détection canine est approfondie par les autorités sanitaires.