20 Minutes (Bordeaux)

Années 60 : la mixité dans les écoles

Filles et garçons n’ont pas toujours partagé les bancs de l’école. Alors que dès 1959, les établissem­ents deviennent mixtes, c’est d’une révolution dont on parle

- Alizée Perrin

Aujourd’ hui, é lèves et parents d’ adolescent­s ne se posent pas la question de la mixité à l’ école. Si essentiell­e qu’elle en est devenue banale: nous n’ y pensons tout simplement plus. Alors il est bon de se souvenir que garçons et fille sont été( très) longtemps séparés à l’ école, comme il est nécessaire de se rappeler le temps qu’il aura fallu pour obtenir cette avancée sociale, qui aura oeuvré d’une façon ou d’une autre à un monde plus égal.

A la même enseigne ?

Au début des années 60, les filles peuvent accéder à des classes mixtes dans l’enseigneme­nt secondaire. Avant cela, il a déjà fallu attendre 1836 pour que soit organisé l’enseigneme­nt primaire des filles. Car oui, la mixité à l’école est étroitemen­t liée à l’éducation des filles… Une instructio­n souvent rare, et surtout régie par des institutio­ns religieuse­s. Les filles n’apprenaien­t pas les mêmes matières que les garçons, puisque prédestiné­es à un rôle centré autour du foyer. Pas besoin d’être bonne en mathématiq­ue pour faire la cuisine, ni de connaître les capitales du monde pour éduquer un enfant n’est-ce pas ?

À l’époque, certains, et notamment les pédagogues catholique­s, fustigent la coéducatio­n (autre appellatio­n de la mixité) par peur de provoquer une source de désordre sexuel contraire à la morale. Légalisée dans les lycées en 1959, la mixité finit par arriver dans les collèges par le décret du 3 août 1963. Mais plus que pour des raisons sociales ou pédagogiqu­es, c’est d’abord par motivation économique, dans la période d’après-guerre, que l’État français favorise la mixité dans les écoles. En effet, si l’on rassemble filles et garçons dans un même établissem­ent, plus besoin d’en avoir deux…

Vers plus d’égalité ?

La mixité est donc légalisée dès le début des années 60, mais dans la réalité, elle reste encore relative dans la pratique. Peu de lycées et collèges ouvrent leurs portes aux élèves féminines et lorsque c’est le cas, filles et garçons s’assoient en classe sans se mélanger, ne communique­nt pas ou peu. La parole des filles se fait plus hésitante, est souvent moins audible, quand les garçons occupent un espace plus important. Et c’est parfois même le corps enseignant qui a du mal à s’y faire, privilégia­nt encore davantage les interactio­ns avec les garçons, plutôt que de donner la parole aux filles ! Aujourd’hui, avec le recul, on peut considérer que la mixité dans l’enseigneme­nt était une condition première de l’égalité des sexes. Elle a notamment favorisé les échanges et permis aux deux sexes d’acquérir les mêmes savoirs. Elle reste cependant encore insuffisan­te pour atteindre une égalité de fait.

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Prime Video Dès 1959, les filles arrivent dans les lycées, puis dans les collèges.

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