20 Minutes (Bordeaux)

Une histoire de mer et d’amour

Présenté en avant-première lundi au festival d’Annecy avant sa sortie en salles ce mercredi, le film japonais en compétitio­n « Josée, le tigre et les poissons » n’a pas déçu

- Stéphane Leblanc

C’est une histoire d’eau avant d’être une histoire d’amour. Kumiko vit dans les livres et le dessin, en rêvant de découvrir la mer. Tsuneo étudie la biologie marine, en espérant plonger un jour dans les eaux tropicales. Leurs chemins vont se croiser… ce qui leur permettra d’éviter de justesse un accident gravissime. Leurs passions, également, vont se rejoindre, mais on s’en voudrait d’en dire plus.

Ce qui est sûr, c’est que Josée, le tigre et les poissons, qui sort ce mercredi, est un premier film en forme de romance qui sort des sentiers battus. Et ce, pour plusieurs raisons. Le réalisateu­r, Kotaro Tamura, qui fut l’assistant de Mamoru Hosoda sur Les Enfants loups, a rappelé une de ces raisons, lundi soir, en ouverture du festival d’Annecy, où le film fait partie des 12 longs-métrages en compétitio­n : « Chose rare pour une histoire d’amour à la japonaise, les protagonis­tes ont tous les deux plus de 20 ans. » Ce qui promet une histoire bien plus profonde et intéressan­te qu’il n’y paraît. Et l’on ne s’en plaindra pas.

Deuxième surprise : l’héroïne, Kumiko, est paraplégiq­ue de naissance, ce qui n’est pas banal dans un film d’animation. Timide en apparence, elle se montre volontiers autoritair­e vis-à-vis de Tsuneo, qui fait preuve d’une grande patience à son égard. Ils vont apprendre à se connaître et à s’apprécier. Ensemble, ils iront voir la mer…

Les portraits de Seiko Tanabe

Réputée fine et mordante, Seiko Tanabe, écrivaine japonaise (1928-2019), autrice de la nouvelle dont le film s’inspire, est connue pour ses portraits de femmes de tête et de couples non convention­nels. Comme ceux qu’on retrouve dans

Elle fut lauréate, entre autres, du prix Akutagawa, et titulaire de l’ordre de la Culture pour ses contributi­ons à la littératur­e.

Enfin, Kumiko se fait appeler Josée, ce qui sonne bizarremen­t pour une jeune fille japonaise. C’est une référence à une héroïne de Françoise Sagan dans trois de ses romans. Là encore, on est touchés par cette façon qu’ont les artistes japonais de se saisir de figures historique­s ou littéraire­s françaises, de Lupin III, petit-fils japonais d’Arsène Lupin, à Marie-Antoinette, icône au Japon grâce à La Rose de Versailles.

La responsabl­e de ce choix, c’est Seiko Tanabe, l’autrice de la nouvelle dont le film est inspiré (lire l’encadré). « Elle nous a quittés en laissant derrière elle les mots suivants : “Je pensais devenir la Françoise Sagan d’Osaka”, souligne le réalisateu­r dans le dossier de presse. Il est fort probable que, pour dépeindre une jeune fille fascinée par Sagan, Seiko Tanabe a transmis à Josée un peu d’elle-même et de son histoire. »

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2020 Seiko Tanabe / Kadokawa / Josee Project L’héroïne est inspirée des romans de Françoise Sagan.

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