20 Minutes (Bordeaux)

Courtney Dauwalter, nec plus ultra-traileuse

Vainqueure pour la deuxième fois de l’UTMB, l’Américaine de 36 ans peut-elle battre les meilleurs hommes dans sa discipline ?

- De notre envoyé spécial à Chamonix (Haute-Savoie), Jérémy Laugier

Rien qu’avec son short de basket décontract­é et ses écouteurs parfois vissés aux oreilles, « avec une playlist pour lutter contre les coups durs », Courtney Dauwalter détonne dans le monde de l’ultra-trail. L’Américaine de 36 ans est apparue plus rayonnante que jamais, samedi, au moment de valider un sacré doublé sur l’Ultra-Trail du Mont-Blanc (UTMB), après avoir baissé son propre record de deux heures. En vingt-deux heures et trente minutes, elle a bouclé l’épreuve à la septième place au « scratch », c’est-à-dire hommes et femmes confondues. « Elle est impression­nante, glisse Aurélien Dunand-Pallaz [2e]. C’est la preuve que les filles peuvent lutter avec les hommes dans le monde de l’ultra-trail. Elle devance des références masculines. »

Sa propension à batailler avec le top 10 mondial rappelle à Catherine Poletti, cofondatri­ce de l’événement, les performanc­es d’une autre Américaine, Rory Bosio, elle aussi deux fois victorieus­e sur l’UTMB (2013 et 2014) : « Courtney est fabuleuse, je retrouve en elle cette même personnali­té ne se prenant pas au sérieux qu’avait Rory. Un jour, les hommes auront du souci à se faire. »

« Seule sur sa planète »

« L’une des plus grandes athlètes de tous les temps », dixit Kilian Jornet, n’en est pas à son coup d’essai, puisqu’elle avait eu droit en 2017 aux faveurs du New York Times, après son succès au scratch sur la Moab 240 (383 km) en plein désert de l’Utah, avec plus de dix heures d’avance sur son premier poursuivan­t. « Même s’il n’y avait pas les meilleurs coureurs élite du monde ce jour-là, elle

« Elle apporte de la fraîcheur »

« Si je devais la brider, elle serait malheureus­e et elle ne serait peut-être plus aussi performant­e, analyse Grégory Vollet. C’est dans l’excès qu’elle trouve du plaisir. Elle apporte de la fraîcheur au trail, car elle n’est pas dans une approche de compétitri­ce. Elle est tout le temps dans l’amusement et dans l’aisance. »

a un don pour l’endurance, sourit Grégory Vollet, son manageur. Elle montre qu’elle est seule sur sa planète par rapport à la concurrenc­e féminine. » Un constat qui pourrait désormais l’inciter à se comparer aux performanc­es des meilleurs ultra-traileurs masculins de la planète, même si elle a fini à une heure quarante-cinq de François D’Haene sur cet UTMB ? « Quand je me lance sur une course, je ne réfléchis pas au fait que je sois face à des hommes ou à des femmes, a assuré la souriante blonde. Je veux juste faire de mon mieux. » Grégory Vollet est bien plus sensible au retentisse­ment que pourrait avoir un triomphe sur un ultra majeur : « J’imagine qu’elle pourrait gagner de très grandes courses au scratch. Il faudrait bien choisir l’épreuve qui pourrait parfaiteme­nt lui convenir. Ça peut devenir un objectif pour elle dans les années à venir. Mais on sait qu’elle est toujours plus guidée par le plaisir que par l’objectif. »

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L. Salino / UTMB Courtney Dauwalter a terminé 7e hommes et femmes confondues.

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