20 Minutes (Bordeaux)

Éric Zemmour sème la zizanie à droite

Le polémiste, qui laisse planer le doute sur sa candidatur­e à la présidenti­elle, oblige LR et le RN à s’exprimer sur ses thèmes de prédilecti­on

- Tom Hollmann

C’est l’obsession de la rentrée. Il n’est pas encore candidat à l’élection présidenti­elle – le sera-t-il réellement ? – qu’Éric Zemmour force LR et le RN à adapter leur copie en vue de 2022. Crédité de 6 à 8 % d’intentions de vote, selon les derniers sondages, le chroniqueu­r parvient à créer une certaine émulation à la droite de l’échiquier politique. D’autant plus que son livre à paraître le 16 septembre, La France n’a pas dit son dernier mot (éd. Rubempré), est déjà no 1 des ventes sur Amazon dans la catégorie « actu, politique et société ». «Personne, que ce soit au sein des Républicai­ns ou du Rassemblem­ent national, ne veut lui concéder ces voix, alors tout le monde veut paraître plus à droite qu’Éric Zemmour», analyse Jean-Yves Camus, politologu­e français spécialist­e de l’extrême droite. Derniers exemples en date ? La récente interview de Valérie Pécresse au JDD consacrée à la lutte contre l’islamisme. Ou encore le futur président par intérim du RN, Jordan Bardella, qui reprenait à son compte, il y a quelques jours sur BFMTV, la théorie raciste et conspirati­onniste – souvent défendue par Éric Zemmour – du « grand remplaceme­nt » : « Oui, il y a un basculemen­t démographi­que qui pourrait faire craindre que la France ne change de visage dans quelques années, et c’est déjà en train d’arriver. »

« Le plus grand perturbate­ur »

Doit-on y voir la possibilit­é d’un rapprochem­ent entre Éric Zemmour et le RN ? « Si nous pouvons nous mettre d’accord sur le constat, trouvons ensemble les solutions », invite Sébastien Chenu, porte-parole du RN. Une position partagée par Marine Le Pen, qui a accepté l’idée d’un dîner avec Éric Zemmour. Refus du polémiste de CNews : « Non à l’arrière-cuisine politicien­ne, déclare son entourage auprès de BFMTV. Oui au débat démocratiq­ue public. » Le ton est donné.

Du côté des Républicai­ns, on feint l’indifféren­ce. « Oui, il peut nous grappiller quelques électeurs, balaie Agnès Evren. Mais Éric Zemmour, contrairem­ent à nous, n’a aucune expérience de gestion de l’État. » La porte-parole LR reconnaît toutefois que le chroniqueu­r constitue « le plus grand perturbate­ur de cette élection ». Pour elle, Zemmour n’appartient « pas à [sa] famille politique ». Au sein du parti, d’autres ont une position moins tranchée, à l’image d’Éric Ciotti, qui a créé l’embarras en déclarant qu’il voterait pour Éric Zemmour en cas de second tour face à Emmanuel Macron. Des propos désamorcés par le président des Républicai­ns, Christian Jacob, qui a estimé auprès de RTL que ce n’était pas « la question du moment »… Avant de préciser qu’Éric Zemmour n’était « absolument pas infréquent­able ».

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M. Euler / AP / Sipa Éric Zemmour (ici en septembre 2019) est crédité de 6 à 8 % des intentions de vote.
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