Objectif traitements
Par injection ou par voie orale, des solutions donnent l’espoir d’un plus grand arsenal thérapeutique contre le Covid-19. P.6
Ronapreve, molnupiravir, tocilizumab… Ces noms barbares ne vous disent sans doute rien. Pourtant, ces traitements pourraient représenter un tournant dans la lutte contre le Covid-19. Si les corticoïdes ont fait leurs preuves, faisant baisser la mortalité de 21 %, d’autres traitements pourraient apparaître dans les prochains mois. Tout d’abord, les traitements par injection, à commencer par le tocilizumab, qui intéresse les autorités sanitaires. Le laboratoire suisse Roche est à la manoeuvre pour ce traitement appelé Roactemra, déjà utilisé pour lutter contre la polyarthrite rhumatoïde. L’Agence européenne du médicament devrait rendre en octobre ses résultats sur l’efficacité du tocilizumab pour traiter les formes graves du Covid-19. Un petit français pourrait aussi arriver prochainement sur le marché. Le laboratoire nantais Xenothera a mis au point un traitement par injection à base d’anticorps polyclonaux, baptisé Xav-19. La France a précommandé 30 000 doses. Selon Le Monde, il pourrait être disponible dès cet automne. « Mais il s’agit de traitements par voie intraveineuse [comme le Ronapreve, déjà disponible (lire l’encadré)], nuance Yazdan Yazdanpanah, infectiologue et membre du conseil scientifique. L’étape d’après, c’est d’avoir des traitements oraux, faciles à prendre. Or différents médicaments sont en cours d’évaluation, on en saura plus au mois d’octobre. »
Des traitements oraux espérés
Parmi ces médicaments, le molnupiravir a fait couler beaucoup d’encre. Le laboratoire américain Merck est en train de réaliser les essais cliniques de phase 3 pour cette pilule qui permettrait d’empêcher la multiplication du virus dans nos cellules. Des résultats prometteurs montraient que la charge virale avait disparu chez les patients infectés au bout de cinq jours. « Mais, cet été, les essais chez les patients hospitalisés n’ont montré aucune efficacité », nuance Nathan Peiffer-Smadja, infectiologue à l’hôpital Bichat (AP-HP). Évidemment, d’autres laboratoires se positionnent sur ce créneau. Dont Pfizer, qui teste depuis mars une pilule qui va contrer l’action de la protéase, une enzyme primordiale dans la multiplication du coronavirus. Le 2 septembre, Pfizer a annoncé lancer les phases 2 et 3 de l’essai clinique sur 1 140 personnes. Avec une spécificité : on cherche à voir l’efficacité et les éventuels effets indésirables chez des patients non hospitalisés et présentant un faible risque de progression vers une maladie grave. Si l’essai se révélait concluant, on pourrait imaginer, dans quelques mois, avoir un médicament utile pour toute la population, dès les premiers signes du Covid-19. Le défi reste toutefois immense. « C’est très complexe d’avoir un traitement efficace contre les virus, souffle Yazdan Yazdanpanah. On n’en a d’ailleurs jamais trouvé pour la grippe. »