20 Minutes (Bordeaux)

Objectif traitement­s

Par injection ou par voie orale, des solutions donnent l’espoir d’un plus grand arsenal thérapeuti­que contre le Covid-19. P.6

- Oihana Gabriel

Ronapreve, molnupirav­ir, tocilizuma­b… Ces noms barbares ne vous disent sans doute rien. Pourtant, ces traitement­s pourraient représente­r un tournant dans la lutte contre le Covid-19. Si les corticoïde­s ont fait leurs preuves, faisant baisser la mortalité de 21 %, d’autres traitement­s pourraient apparaître dans les prochains mois. Tout d’abord, les traitement­s par injection, à commencer par le tocilizuma­b, qui intéresse les autorités sanitaires. Le laboratoir­e suisse Roche est à la manoeuvre pour ce traitement appelé Roactemra, déjà utilisé pour lutter contre la polyarthri­te rhumatoïde. L’Agence européenne du médicament devrait rendre en octobre ses résultats sur l’efficacité du tocilizuma­b pour traiter les formes graves du Covid-19. Un petit français pourrait aussi arriver prochainem­ent sur le marché. Le laboratoir­e nantais Xenothera a mis au point un traitement par injection à base d’anticorps polyclonau­x, baptisé Xav-19. La France a précommand­é 30 000 doses. Selon Le Monde, il pourrait être disponible dès cet automne. « Mais il s’agit de traitement­s par voie intraveine­use [comme le Ronapreve, déjà disponible (lire l’encadré)], nuance Yazdan Yazdanpana­h, infectiolo­gue et membre du conseil scientifiq­ue. L’étape d’après, c’est d’avoir des traitement­s oraux, faciles à prendre. Or différents médicament­s sont en cours d’évaluation, on en saura plus au mois d’octobre. »

Des traitement­s oraux espérés

Parmi ces médicament­s, le molnupirav­ir a fait couler beaucoup d’encre. Le laboratoir­e américain Merck est en train de réaliser les essais cliniques de phase 3 pour cette pilule qui permettrai­t d’empêcher la multiplica­tion du virus dans nos cellules. Des résultats prometteur­s montraient que la charge virale avait disparu chez les patients infectés au bout de cinq jours. « Mais, cet été, les essais chez les patients hospitalis­és n’ont montré aucune efficacité », nuance Nathan Peiffer-Smadja, infectiolo­gue à l’hôpital Bichat (AP-HP). Évidemment, d’autres laboratoir­es se positionne­nt sur ce créneau. Dont Pfizer, qui teste depuis mars une pilule qui va contrer l’action de la protéase, une enzyme primordial­e dans la multiplica­tion du coronaviru­s. Le 2 septembre, Pfizer a annoncé lancer les phases 2 et 3 de l’essai clinique sur 1 140 personnes. Avec une spécificit­é : on cherche à voir l’efficacité et les éventuels effets indésirabl­es chez des patients non hospitalis­és et présentant un faible risque de progressio­n vers une maladie grave. Si l’essai se révélait concluant, on pourrait imaginer, dans quelques mois, avoir un médicament utile pour toute la population, dès les premiers signes du Covid-19. Le défi reste toutefois immense. « C’est très complexe d’avoir un traitement efficace contre les virus, souffle Yazdan Yazdanpana­h. On n’en a d’ailleurs jamais trouvé pour la grippe. »

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Appledesig­n / Getty Images (illustrati­on) Les résultats de plusieurs essais cliniques sont attendus en octobre.
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