Ça déménage dans le secteur de la pierre
Si le marché se porte bien, le Covid-19 a redéfini la manière dont investisseurs, acheteurs et locataires se positionnent vis-à-vis de leur logement
Quitter le centre-ville, adopter un chat, faire pousser des tomates sur un bout de balcon… Avec la crise sanitaire, nos habitudes de vie ont été modifiées. Et notre rapport à nos lieux de vie aussi. « Les Français ont remis le logement au coeur de leurs préoccupations », explique Laetitia Caron, directrice générale de Pap.fr.
Un espace extérieur ou rien
Fini le petit appartement proche du travail, la tendance, c’est d’avoir un espace extérieur. Aujourd’hui, un appartement avec terrasse ou balcon se vend en moyenne 11,6% plus cher, selon Meilleurs Agents. Pour les appartements dont les terrasses ou balcons sont supérieurs à 50m², la hausse sur le prix de vente peut même grimper de 30% par rapport au même bien sans balcon ni terrasse. Il en est de même pour les maisons avec jardin dont les transactions ont augmenté de 26 %, selon le réseau Laforêt. Autre enseignement de la crise, le rapport au logement secondaire. « Avant, on observait une volonté d’avoir une maison secondaire pour un week-end ou pour les vacances, souligne Laetitia Caron. Avec le développement actuel du télétravail, 30 % des personnes qui achètent une maison secondaire veulent pouvoir y rester une partie de la semaine. » Cela permet d’envisager un petit appartement en centre-ville et un lieu de vie plus grand et plus éloigné. Les agences immobilières parlent désormais de résidence semi-principale. Cette façon de redessiner l’espace a aussi des conséquences sur les prix des loyers. Si le loyer moyen à Paris reste élevé (833 € en moyenne), il est néanmoins en baisse de 4,3 % par rapport à 2019. « Nous assistons à un afflux d’offres, continue Laetitia Caron. Les touristes étrangers ne sont pas revenus et les propriétaires ont remis leur appartement en location classique. » Sur un an, PAP a comptabilisé 50 % d’offres en plus. Pour Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, cette baisse temporaire s’explique aussi par l’encadrement des loyers. A contrario, en régions, la tendance est tout autre. Dans les villes où l’offre de formations postbac est développée, les loyers explosent : +8,7 % à Bordeaux, +4,5 % à Nice ou encore +8,1 % à Grenoble. Les étudiants délaissent Paris, et les propriétaires, sans revenus locatifs depuis plusieurs mois avec les cours en distanciel, appliquent un « effet rattrapage », commente Laetitia Caron. Pour l’heure, si les familles cherchent des espaces extérieurs et délaissent les centres-villes, les investisseurs eux, continuent d’acheter en ville. « Plus de 27% des ventes sont des investissements », continue Yann Jéhanno. Soit une hausse de 7 points par rapport à 2019. « Contre toute attente, 2020 a été la meilleure deuxième année de vente depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », ajoute-t-il. De fait, « une baisse brutale des loyers parisiens ne semble pas d’actualité ». À l’approche des JO et avec la réouverture des frontières, la capitale devrait voir revenir les touristes et avec eux le marché immobilier devrait, encore, connaître des
transactions record.
« Contre toute attente, 2020 a été une année record pour les ventes. »
Yann Jéhanno, Laforêt