20 Minutes (Bordeaux)

Ça déménage dans le secteur de la pierre

Si le marché se porte bien, le Covid-19 a redéfini la manière dont investisse­urs, acheteurs et locataires se positionne­nt vis-à-vis de leur logement

- Élodie Hervé

Quitter le centre-ville, adopter un chat, faire pousser des tomates sur un bout de balcon… Avec la crise sanitaire, nos habitudes de vie ont été modifiées. Et notre rapport à nos lieux de vie aussi. « Les Français ont remis le logement au coeur de leurs préoccupat­ions », explique Laetitia Caron, directrice générale de Pap.fr.

Un espace extérieur ou rien

Fini le petit appartemen­t proche du travail, la tendance, c’est d’avoir un espace extérieur. Aujourd’hui, un appartemen­t avec terrasse ou balcon se vend en moyenne 11,6% plus cher, selon Meilleurs Agents. Pour les appartemen­ts dont les terrasses ou balcons sont supérieurs à 50m², la hausse sur le prix de vente peut même grimper de 30% par rapport au même bien sans balcon ni terrasse. Il en est de même pour les maisons avec jardin dont les transactio­ns ont augmenté de 26 %, selon le réseau Laforêt. Autre enseigneme­nt de la crise, le rapport au logement secondaire. « Avant, on observait une volonté d’avoir une maison secondaire pour un week-end ou pour les vacances, souligne Laetitia Caron. Avec le développem­ent actuel du télétravai­l, 30 % des personnes qui achètent une maison secondaire veulent pouvoir y rester une partie de la semaine. » Cela permet d’envisager un petit appartemen­t en centre-ville et un lieu de vie plus grand et plus éloigné. Les agences immobilièr­es parlent désormais de résidence semi-principale. Cette façon de redessiner l’espace a aussi des conséquenc­es sur les prix des loyers. Si le loyer moyen à Paris reste élevé (833 € en moyenne), il est néanmoins en baisse de 4,3 % par rapport à 2019. « Nous assistons à un afflux d’offres, continue Laetitia Caron. Les touristes étrangers ne sont pas revenus et les propriétai­res ont remis leur appartemen­t en location classique. » Sur un an, PAP a comptabili­sé 50 % d’offres en plus. Pour Yann Jéhanno, président du réseau Laforêt, cette baisse temporaire s’explique aussi par l’encadremen­t des loyers. A contrario, en régions, la tendance est tout autre. Dans les villes où l’offre de formations postbac est développée, les loyers explosent : +8,7 % à Bordeaux, +4,5 % à Nice ou encore +8,1 % à Grenoble. Les étudiants délaissent Paris, et les propriétai­res, sans revenus locatifs depuis plusieurs mois avec les cours en distanciel, appliquent un « effet rattrapage », commente Laetitia Caron. Pour l’heure, si les familles cherchent des espaces extérieurs et délaissent les centres-villes, les investisse­urs eux, continuent d’acheter en ville. « Plus de 27% des ventes sont des investisse­ments », continue Yann Jéhanno. Soit une hausse de 7 points par rapport à 2019. « Contre toute attente, 2020 a été la meilleure deuxième année de vente depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale », ajoute-t-il. De fait, « une baisse brutale des loyers parisiens ne semble pas d’actualité ». À l’approche des JO et avec la réouvertur­e des frontières, la capitale devrait voir revenir les touristes et avec eux le marché immobilier devrait, encore, connaître des

transactio­ns record.

« Contre toute attente, 2020 a été une année record pour les ventes. »

Yann Jéhanno, Laforêt

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