Raducanu, Emma et merveilles
On ne sait pas encore à quoi ressemblera la carrière d’Emma Raducanu, mais on peut déjà être sûr d’une chose : la jeune femme, qui a réussi samedi l’exploit inédit de remporter l’US Open après être sortie des qualifications, apprend vite. Pour sa première participation à un tournoi du Grand Chelem, il y a deux mois à Wimbledon, elle avait été asphyxiée par la pression en 8e de finale. Au sens propre du terme. Prise de vertiges et en proie à des problèmes respiratoires, face à l’Australienne Ajla Tomljanovic, elle avait dû abandonner, expliquant « avoir sans doute mal géré le stress en jouant devant une foule si nombreuse ».
Quelques semaines plus tard, tout juste sortie du lycée, Emma Raducanu a dompté l’émotion d’une première finale en Majeur, devant 23 000 personnes, pour devenir une héroïne nationale. Première Britannique lauréate d’un tournoi de cette importance depuis plus de quarante ans (Virginia Wade en 1977), Raducanu a reçu les félicitations de la reine Elisabeth II en personne. « C’est une réussite remarquable à un si jeune âge, et cela témoigne de votre travail acharné et de votre dévouement », lui a écrit Sa Majesté, qui n’a pas été la seule à être bluffée au pays. Boris Johnson, Marcus Rashford ou Gary Lineker ont également salué son incroyable performance.
Aucun tournoi WTA joué avant juin
« J’ai l’impression de vivre un rêve absolu », a-t-elle réagi après la rencontre. Ça y ressemble, en effet. Quelques éléments, au-delà de ce que l’on a déjà dit sur sa place dans l’histoire, pour situer la comète Raducanu : début juin, elle n’avait encore disputé aucun tournoi WTA, ni mis les pieds sur un court depuis le 1er mars 2020, et sa victoire à Sunderland dans un tournoi de seconde zone. Partie de la 366e place mondiale, la joueuse, née d’une mère chinoise et d’un père roumain au Canada avant de déménager en Angleterre à l’âge de 2 ans, grimpe au 23e rang ce lundi.
Sa vie va être bouleversée, forcément. Mais, pour l’instant, elle préfère ne pas y penser. « Je n’ai aucune idée de ce que je vais faire demain. J’essaie juste de profiter de l’instant présent, de vrai- ment tout apprécier, savourait-elle sa- medi. C’est le moment de se détacher de toutes pensées, d’exclure tout programme. En ce moment, je ne me sou- cie de rien, j’aime juste la vie. »