Foufounart veut être sur toutes les lèvres
L’artiste lyonnaise expose des vulves dans l’espace public dans une démarche d’éveil des consciences
Derrière le nom d’artiste Foufounart, une part de mystère qu’elle tient à conserver. « J’ai plein de vies à côté », attaque d’emblée Marion, mère de famille et salariée dans le milieu culturel lyonnais. Son « petit jardin secret », qu’elle aime cultiver sur son temps libre, c’est de « représenter le sexe féminin dans l’espace public ».
Sa passion : réaliser des vulves sans complexe, sans tabou, mais avec toujours beaucoup de délicatesse. « Je ne travaille pas sur l’érotisme », explique celle qui n’a jamais suivi de formation artistique. Elle préfère sublimer l’appareil génital féminin en détournant des symboles, des objets désuets ou des matériaux anciens. Ses vulves – pièces uniques réalisées avec de l’argile et modelées à la main – sont, pour la plupart, recouvertes d’un motif bucolique. Elles sont ensuite accrochées au coeur d’une assiette en porcelaine, placées au fond d’un vase, parfois mises sous cloche ou entourées d’un cadre baroque peint à la feuille d’or. Le résultat est étonnant, captivant.
Une démarche éducative
L’objectif est de créer un contraste, un « effet de surprise » afin d’amener un regard différent, poursuit-elle. « Au loin, on voit un oeuvre, on devine des couleurs ou des petites fleurs. Et lorsque l’on s’approche, on découvre qu’il s’agit d’une vulve en relief », décrit l’artiste. Derrière la démarche artistique, elle veut éduquer et éveiller les consciences. Âgée d’une « petite quarantaine d’années », la Lyonnaise appartient à « cette génération qui s’est découverte tardivement ». « À la maison, le sujet était particulièrement tabou, raconte-t-elle. On ne parlait pas de sexualité, on ne m’a jamais parlé des règles non plus. » Invitée à exposer ses dernières créations lors du festival de street art Peinture fraîche, Marion a pu se confronter au public. Avec parfois beaucoup d’humour. « Un monsieur est venu me voir pour me féliciter, se souvientelle. Il me disait : “Qu’est-ce que c’est beau, mais ça représente quoi ?” Je lui ai répondu que c’était une vulve, il en était tout étonné et presque gêné », conclut-elle en rigolant.
« Je ne travaille pas sur l’érotisme. » Marion, alias Foufounart