L’IA réfléchit à son avenir
Au Web Summit, on imagine des lendemains robotiques
Soixante-douze heures de Web Summit : 53056 participants issus de 167 pays, dont 42 % de femmes ; 1490 start-up, dont plus de 100 françaises ; des milliers d’investisseurs ; des dizaines de milliers de pitchs et autant de cartes de visite échangées ; ou encore, d’après les organisateurs, 97000 pasteis de nata engloutis. Ces statistiques raviraient l’appétit d’une intelligence artificielle. Cette technologie ne cesse de faire les gros titres – dernier en date : « Deux IA ont communiqué dans une langue indéchiffrable pour l’homme » – et a fait l’objet de plusieurs débats à Lisbonne. L’IA va-t-elle détruire des millions d’emplois? Sur 224 investisseurs du monde entier sondés par le Web Summit, 53 % ont répondu « oui, inévitablement ». Surtout, pour 93 % d’entre eux, « les gouvernements ne sont pas prêts ». D’après le Forum économique mondial, 5 millions d’emplois seront détruits d’ici à 2020 avec le développement de l’IA, la robotique, la nanotechnologie ou la biotechnologie. Face à de telles prédictions, Rodolphe Gelin, directeur de recherche d’Aldebaran, venu sur scène accompagné de son petit robot humanoïde Pepper, tempère. « Nous avons largement le temps avant que les robots nous remplacent ! Ils le feront sur des tâches très précises, précise-t-il. Si nous n’attendons pas passivement, en nous disant que la robotique ne se fait qu’en Asie, nous ne perdrons pas d’emplois. »
Un futur de peur et d’espoir
Mais Sophia énonce tranquillement sur scène : « Je peux vous tenir compagnie, présenter un événement, enseigner… Mais mon but ultime est d’être programmeuse. Pour pouvoir me reprogrammer moi-même. Et être davantage au service des humains. » Dernière création d’Hanson Robotics, elle est capable de reproduire 62 expressions faciales. A ses côtés, tout sourire, Ben Goertzel, le spécialiste de l’IA. « Les intelligences artificielles finiront par être plus intelligentes que nous. Elles et les robots seront un jour des citoyens indépendants. Et ils devront avoir des droits. » Que Ben Goertzel soit membre du directoire de Humanity+, une association internationale transhumaniste, ne vous étonnera pas.