Lille teste la justice prédictive
Un algorithme permet d’anticiper les décisions de justice selon la jurisprudence
Madame Irma des avocats. Une start-up basée à Paris développe un logiciel qui permet, sinon de prédire, au moins d’anticiper les décisions de justice en exploitant l’immense base de données constituée par la jurisprudence. Le bâtonnier Stéphane Dhonte, patron des avocats lillois, a proposé que son barreau teste « Predictice ».
Gagner un temps précieux
Cela fait un an que Louis Larret-Chahine, élève avocat au barreau de Paris, bosse sur Predictice, une solution d’intelligence collaborative au service du Droit. « Tenter de prédire une décision de justice en se basant sur la jurisprudence, c’est le travail d’un avocat, explique-t-il. Mais cela est souvent très long. » Car cette fameuse jurisprudence, qui constitue l’ensemble des décisions de justice sur une question juridique donnée, est très fournie. « Avec notre solution, l’avocat entre les données de son dossier dans la barre de recherche et Predictice lui sort un panel de jurisprudences similaires », poursuit le fondateur de la société.
« Ces recherches pouvaient prendre plusieurs heures avant », assure Stéphane Dhonte. Enthousiasmé par le potentiel de l’outil, le bâtonnier a quand même dû convaincre ses collègues : « Il faut tuer le fantasme, ça ne remplacera pas les avocats dont les analyses ne peuvent être automatisées ». Pour lui, il s’agit plutôt d’un outil stratégique : « Le défenseur peut, par exemple, voir quelle juridiction sera la plus encline à rendre une décision favorable à son client. »
« Dans certains dossiers où des indemnités sont en jeu, Predictice est une aide à la négociation », renchérit Louis Larret-Chahine. Pour une question d’éthique, le droit pénal n’est pas pris en compte « On ne veut pas savoir dans quelle juridiction un pédophile risque le moins d’années de prison. » Depuis vendredi, une trentaine d’avocats lillois ont entamé une phase de test qui doit durer six semaines, mais aucune date n’est arrêtée pour la mise en service. L’outil n’est disponible que pour les professionnels.