Emballés par le graff propre
Peindre sur de la cellophane permet de ne pas abîmer les murs
Il n’est pas impossible de croiser un raton laveur dans les forêts européennes de Gland, en Suisse. Ce petit mammifère, qu’on rencontre plutôt en Amérique du Nord, est arrivé là grâce au graffeur Sid. Il tague des animaux dans la nature. Mais son geste n’abîme pas la flore. Car Sid utilise le Cellograff, un matériau à base de cellophane, qui permet de taguer un peu partout, sans abîmer les surfaces en dessous. « Quand j’ai découvert que ça existait, j’en ai directement commandé », se souvient Sid. Depuis quatre ans, taguer au milieu des troncs et des feuilles lui donne des idées. « La nature m’inspire. C’est clairement mon univers, soutient-il. J’aime faire apparaître des animaux qui ne vivent pas ici à Gland, comme les loutres ou les ours. » Grâce au Cellograff, Sid laisse les arbres intacts. Et il prend garde à ne pas salir la forêt, en jetant son graffiti dès qu’il est trop abîmé. Cette technique a été imaginée par deux Français, Astro et Kanos. « On testait différentes façons de graffer quand on est tombés là-dessus. C’est de la cellophane industrielle, qui se trouve dans les magasins de bricolage. Dans les usines, elle permet par exemple d’emballer le contenu de palettes », explique Astro. Aux deux compères, elle offre surtout la possibilité de se jouer des dimensions dans l’espace. « On peut taguer sur des surfaces en triangle ou sur des cubes. La peinture ne ronge que le plastique et le polystyrène », explique Kanos.
En ville ou dans la forêt
Si le Cellograff offre de nouvelles possibilités créatives aux graffeurs, il plaît aussi pour son côté sage. Dans la forêt comme dans la ville, cette cellophane industrielle se jette à la poubelle une fois qu’elle est détachée et ne laisse aucune trace de son passage. A moins de trouver des friches ou des murs où le tag est autorisé, il est rare pour un tagueur de pouvoir « s’exprimer sans dégrader », comme le dit Kanos. « On a tous commencé sur des spots illégaux. Du coup, le Cellograff, c’est pratique pour les petits jeunes qui n’ont pas de lieu légal. Ça leur évite d’avoir des soucis », assure Astro. Cette technique ne demande que deux poteaux pour tendre la cellophane et 14,50 € pour un rouleau.