Désinvestie par le PS, une députée sortante qui a voté Macron assigne le parti
Anne-Yvonne Le Dain voulait aussi être candidate pour La République en marche
«Je trouve ça inouï. » AnneYvonne Le Dain ne s’en remet pas. Après avoir fait les yeux doux à Emmanuel Macron, la députée PS de la 2e circonscription de l’Hérault (Montpellier) a perdu l’investiture du PS pour les législatives. Elle a alors assigné en justice le parti pour faire annuler la décision qui a conduit à cette situation. Selon nos informations, une audience aura lieu ce mardi devant la première chambre du tribunal de grande instance de Paris. Il y a six mois, la députée sortante avait pourtant été choisie par les militants socialistes de sa circonscription en vue d’une investiture. Son nom figure sur la liste officielle des candidats aux législatives, publiée le 29 décembre. Faute de suppléant désigné, son investiture n’était toutefois pas définitive. Entre décembre et mai, la députée sortante multiplie les appels du pied à Emmanuel Macron. Dès la fin mars, elle annonce qu’elle votera pour lui dès le premier tour de la présidentielle. Elle courtise le maire de Montpellier Philippe Saurel, ancien membre du PS (exclu en 2014) et soutien d’En marche !, pour qu’il se présente comme son suppléant aux législatives, Mais il finit par la lâcher le 11 mai.
« Pas une sanction »
Anne-Yvonne Le Dain n’est pas au bout de ses peines puisque, le 15 mai, le bureau national décide d’organiser un nouveau vote des militants pour l’investiture, suivant l’avis de la fédération de l’Hérault. « Je n’ai jamais renoncé à l’étiquette PS. Je voulais l’alliance PS-En marche ! », explique l’élue à 20 Minutes. Ce ne sera ni l’un ni l’autre. Anne-Yvonne Le Dain a finalement décidé de se présenter sans étiquette et de porter l’affaire en justice. « La non-investiture n’est pas définie comme une sanction dans les statuts du PS, il s’agit d’une décision politique », observe l’avocate du parti, Cosima Ouhioun. Citée dans le cadre de cette assignation, Fatima Bellaredj, qui a emporté l’investiture socialiste, juge la situation « pathétique ». Du côté de Solférino, la lassitude pointe également. « On est un peu fatigué de ces quelques cas particuliers qui donnent l’impression que le PS ne sait plus où il habite, ça brouille le message du parti », souffle la porte-parole Corinne Narassiguin. Le parti estime, selon elle, « avoir fait les choses dans les règles, dans le respect de ses statuts ». Quant à cette candidature dissidente, elle est jugée « regrettable ». « Cela va diviser encore un peu plus les voix, alors qu’on est déjà dans une grande difficulté au PS. »