La Wagabox réduit les déchets en gaz naturel
L’usine purifie le gaz des ordures et le réinjecte dans le réseau
Un dédale de cuves, de tuyaux et de boutons en tout genre… La Wagabox occupe près de 200 m² de l’installation de stockage de déchets de Saint-Florentin, dans l’Yonne. Vendredi, des Canadiens sont venus visiter cette usine. Des Anglais les ont devancés et un Américain est attendu d’ici peu. « Nous avons beaucoup de sollicitations », confie Mathieu Lefebvre, cofondateur et président de Waga Energy, start-up grenobloise fondée par des anciens d’Air Liquide et à qui l’on doit cette machine complexe. Si l’on vient voir de loin la Wagabox, c’est qu’elle apporte une solution à un problème épineux et mondial : la valorisation du biogaz issu de la fermentation des restes alimentaires et autres déchets non recyclables enfouis sous terre. En manque d’oxygène, cette matière organique se décompose naturellement et libère du méthane, un puissant gaz à effet de serre.
Economie circulaire
Les 238 centres d’enfouissement français ne laissent pas échapper ce biogaz dans l’atmosphère. « Ils ont pour obligation de le capter, rappelle Olivier Theobald, ingénieur de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie. Certains de ces centres vont jusqu’ à produire de l’électricité à partir du biogaz récupéré. » Mais les rendements sont faibles et, « dans 50 % des cas, le gaz récupéré est juste brûlé dans des torchères, note Mathieu Lefebvre. On évite, certes, une pollution trop importante, mais on gaspille aussi une quantité importante d’énergie. » La Wagabox apporte, elle, une alternative prometteuse. Elle extrait de ce biogaz capté sous terre du biométhane pur à 98 %, un pourcentage qui lui permet d’être injecté directement dans le réseau de gaz naturel… Ce réseau irradie ensuite les foyers où le gaz servira principalement à se chauffer ou à cuisiner. Pour y parvenir, la Wagabox combine deux procédés. La première est la filtration par membranes, qui permet de séparer le CO2 et le méthane. Problème, « le gaz capté dans les centres d’enfouissement est plus complexe à traiter, car saturé de dioxide de carbone, d’azote, d’oxygène et d’impuretés », relève Mathieu Lefebvre. C’est là qu’intervient le second procédé : la distillation cryogénique, qui permet de séparer le méthane de l’azote et de l’oxygène. Le premier prend la direction du réseau de gaz naturel de GRDF, les deux autres sont rejetés dans l’air. Et ça marche. Depuis le 14 février, la Wagabox injecte du biométhane directement dans le réseau GRDF et prévoit de fournir 20 GWh de gaz par an, soit la consommation annuelle de 3 000 foyers ou d’une centaine de bus. « C’est de l’économie circulaire et locale, résume le président de Waga Energy. Nous remettons dans le circuit l’énergie que nous avons récupérée dans le déchet. » Deux autres Wagabox doivent entrer en service prochainement (dans l’Oise et le Gers). Mais Waga Energy regarde aussi à l’international et espère installer une centaine de Wagabox dans le monde d’ici à 2025.