L’amour de son semblable
Le réalisateur François Ozon flirte avec le drame psychanalytique
Aucun des films de François Ozon ne se ressemblent, et L’Amant double, sorti ce weekend, au moment de sa présentation au Festival de Cannes, ne fait pas exception. « J’essaie de ne pas me répéter, justifie le cinéaste à 20 Minutes. François Truffaut disait qu’il faut faire un film contre le précédent. C’est pourquoi L’Amant double est très éloigné de Frantz, même si je pense qu’il y a des idées communes… » Comme cette façon qu’ont les personnages d’être confrontés aux faux-semblants.
Un thriller érotique
Chloé (Marine Vacth) a mal au ventre, elle consulte un gynécologue, puis un psychanalyste, Paul (Jérémie Renier), qui tombe amoureux d’elle. Elle laisse tomber sa psychanalyse, emménage avec son ex-psy et tombe nez à nez avec… le frère jumeau de ce dernier, Louis, psychanalyste lui aussi, mais dont le caractère, la méthode et le comportement sont radicalement différents. « Moi, je suis à la fois Paul et Louis. Je suis complètement double, je l’assume, soutient François Ozon. Je pense que dans la vie, je suis plutôt Paul, quand même… mais en tant que cinéaste, je suis sans doute un peu plus Louis! » Cette histoire riche en rebondissements, le cinéaste a voulu la raconter comme une enquête. « On se doute qu’on va virer vers le thriller », précise-t-il. Erotique, le film séduit par le jeu de miroir entre les deux Jérémie Renier et Marine Vacth, dans une mise en scène d’une rigueur implacable. « Les gens pensent que je suis dans la maîtrise totale, mais ce n’est pas vrai du tout, nuance François Ozon. Mes scénarios sont assez ouverts, je laisse de la place au hasard et aux propositions des comédiens. C’est ce qui rend le tournage intéressant. »