Des langues dans la poche
A l’écrit comme à l’oral, l’intelligence artificielle booste les capacités des outils de traduction. Des évolutions qui pourraient éclipser l’apprentissage des langues.
Les brêles en anglais vont être contentes, les profs de langues étrangères un peu moins. Dopés à l’intelligence artificielle, les outils de traduction se sont tellement améliorés ces dernières années qu’on se demande pourquoi on s’ennuie à aller en cours d’espagnol. Et tant pis pour la patience de Mme Garcia avec les quatrièmes B. Au cours de la deuxième édition de Microsoft Experiences, organisée lundi et mardi au Palais des congrès à Paris, Thomas Kerjean, directeur de la division cloud chez Microsoft, a fait le point sur l’état de l’intelligence artificielle. « L’enjeu pour nous est d’injecter du deep learning dans tous les produits », souligne-t-il. Combien de fois Google Traduction associé à l’appareil photo nous a sauvés de la catastrophe gustative dans un restaurant étranger, nous évitant un mets à base de viande de chien ? Fin 2016, l’outil du géant de Mountain View avait passé une étape grâce à l’utilisation d’un système de réseau neuronal, qui s’appuie sur le fonctionnement du cerveau humain. Et mercredi soir, lors de sa conférence Made by Google, la marque a annoncé le lancement des Pixels Buds, des écouteurs sans fil qui permettent d’entendre la traduction d’une conversation en temps réel.
Vers un langage universel
Outre la langue, la communication comprend des subtilités : expressions faciales, intonations de la voix… A l’écrit, les émoticônes permettent d’ajouter une intention. De la même façon, l’intelligence artificielle pourrait créer une forme de langage universel. Le parcours AI Hackademy de Microsoft Experiences a présenté Helpicto, un outil qui facilite la communication des personnes autistes. « Helpicto permet de faire baisser le niveau d’angoisse de l’individu en lui donnant un outil pour comprendre l’environnement dans lequel il se trouve », explique Carine Mantoulan, docteur en psychologie et directrice de l’association Inpacts 31. Il s’agit de remplacer les classeurs à pictos, utilisés pour aider les enfants autistes à communiquer, par une application logicielle qui associe la reconnaissance vocale à la reconnaissance d’images. Par extension, ce système peut aider n’importe qui à s’exprimer – ou à comprendre l’autre – à l’étranger, à l’aide d’images simples : pour trouver les toilettes, son chemin… L’application recrée de la communication là où elle avait disparu. En revanche, pour parler philo et politique, Mme Garcia pourrait encore nous servir quelque temps.