Yuval Noah Harari prédit la victoire de l’intelligence artificielle sur l’homme
Dans « Homo deus », l’historien israélien imagine la fin de l’espèce humaine
Yuval Noah Harari n’est pas un historien comme les autres. Quand cet Israélien sort un livre dans le rayon sciences humaines, il en fait un phénomène de société. Après sa fresque historique Sapiens, parue en 2015, Homo deus, une brève histoire de l’avenir (Albin Michel) s’arrache en librairie, avec 106 000 exemplaires vendus en quatre semaines. Historien visionnaire, gourou des temps modernes ou vulgarisateur habile ? Peut-être un peu de tout ça. On a discuté avec trois de ses fidèles pour tenter de comprendre le succès fulgurant de Yuval Noah Harari et la portée de ses écrits. « C’est un vrai phénomène littéraire, les gens se sont mis à racheter son premier livre, Sapiens, s’enthousiasme Olivier Gallais, 37 ans, qui travaille pour La Librairie idéale à Paris. C’est rare de voir de telles ventes pour des ouvrages d’histoire. » Le libraire s’étonne de l’ampleur de l’engouement pour ces deux oeuvres, mais il ne cache pas sa propre fascination pour l’auteur. Homo deus réussit le difficile exercice de s’adresser au plus grand nombre sans sacrifier le contenu scientifique. « Il est l’un des rares intellectuels à soulever des problématiques centrales, aujourd’hui. Dans cent ans, on parlera de la Silicon Valley dans les livres d’histoire, j’en suis certain », lance Arnaud Varnier, 30 ans, entrepreneur digital. « Il capte très bien les enjeux du monde d’aujourd’hui et les évolutions de la pensée », observe de son côté Louis Fichet, retraité de 70 ans, qui n’est toutefois pas « tout à fait acquis à l’image du futur décrite dans le livre ».
« Déjà dévots du dataïsme »
De quoi est-il question dans ce bestseller ? Yuval Noah Harari dégage deux scénarios flippants. Dans le premier, les technologies et la bio-ingénierie creusent les inégalités entre une classe de surhommes aux capacités augmentées et le reste de l’humanité, la caste des inutiles. La deuxième hypothèse, encore plus catastrophiste, imagine l’avènement d’une nouvelle religion appelée le « dataïsme » qui signe la fin de l’espèce humaine pour laisser sa place aux intelligences artificielles. « C’est une religion qui ne dit pas son nom. Dans la société occidentale, beaucoup de religieux ne s’en rendent pas compte. Nous sommes déjà dévots au dataïsme », analyse Arnaud Varnier, qui met en garde contre le risque de perdre nos facultés. Pour ce jeune entrepreneur, Yuval Noah Harari est « inspirant », mais il n’imagine pas notre espèce disparaître. « Il ne faut pas sous-estimer la capacité de l’homme à se réinventer. » La Silicon Valley compte déjà ses gourous et ses disciples. Nous pourrions bientôt être contrôlés par les outils que nous aurons nous-mêmes créés. « Ecoutez les algorithmes! Ils connaissent vos sentiments. » Yuval Noah Harari force le trait pour nous mettre en garde. Et pour lever vos derniers doutes face au dataïsme, savezvous que l’algorithme d’Amazon sait déjà quel livre vous allez acheter ? Bonne lecture !
« Il capte très bien les enjeux du monde et les évolutions de la pensée. » Louis Fichet, un lecteur