A 89 ans, il est jugé pour avoir aidé sa femme à mourir
Jean Mercier, 89 ans, est jugé pour avoir aidé sa femme à mourir
Ses fines lunettes rectangulaires s’affichent désormais sur les flyers. A 89 ans, Jean Mercier est le symbole, ce jeudi, de la 10e journée mondiale pour le droit à mourir dans la dignité, alors que son cas doit être examiné par la Cour de cassation. En 2011, un matin de novembre, il a aidé Josiane, son épouse, à mourir. Après plus de cinquante ans de mariage, il ne supportait plus de la voir souffrir d’une dépression chronique, des complications liées à ses multiples tentatives de suicide et d’une fracture du poignet très handicapante.
Relaxé en appel
Six ans après, le natif de Saint-Etienne (Loire) en paie toujours les conséquences judiciaires. Condamné à un an de prison avec sursis pour nonassistance à personne en danger, lors de son procès en première instance, il avait bénéficié, à Lyon en 2016, d’une relaxe en appel. Mais le parquet général a formé un pourvoi en cassation. Et voilà que Jean Mercier doit s’expliquer devant la plus haute juridiction française. Atteint par un cancer et la maladie de Parkinson, l’octogénaire ne se déplacera pas à Paris, ce jeudi. De toute façon, les magistrats ne s’attachent qu’à la forme du droit. Il n’est pas fréquent qu’un parquet général saisisse la Cour de cassation. Et, quand il le fait, c’est pour bien fixer la jurisprudence. Autrement dit : ne pas laisser une brèche dans laquelle les militants en faveur de l’euthanasie pourraient alors s’engouffrer. Début septembre, Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, a indiqué qu’elle n’examinerait pas cette question avant d’avoir pu évaluer la loi Claeys-Leonetti sur la sédation profonde, promulguée en février 2016. « Les débats sur la loi de bioéthique [prévus en 2018] pourront éventuellement rouvrir ce sujet », at-elle ainsi suggéré sur France Inter. Reste à savoir ce qu’ils diront, alors, du cas de Jean Mercier. Cela dépendra de la Cour de cassation. Sa décision devrait être rendue d’ici un mois environ.