Le Pen « chez elle » au Salon de l’agriculture
La présidente du FN a repris des forces au Salon de l’agriculture
«Les cornes sont chaudes. » Dès son arrivée au Salon de l’agriculture, mercredi matin, Marine Le Pen a pris la pose avec Haute, la vache aubrac égérie de l’édition 2018. Puis, les salutations expédiées, la présidente du Front national a donné ses premiers coups de corne : « Je suis venue dire aux agriculteurs que nous allons nous battre à leurs côtés pour éviter que monsieur Macron et ses complices du parti Les Républicains ne transforment le Salon de l’agriculture en musée. Car, entre le Ceta, le Mercosur et la baisse programmée des aides de la PAC, le plan social massif de l’agriculture finit sur un massacre. »
« C’est chez moi »
A dix jours du congrès du FN, Marine Le Pen est venue retrouver un peu de peps porte de Versailles, à Paris (15e). Affaiblie par les départs des Patriotes ou l’intervention remarquée de sa nièce, Marion Maréchal Le Pen, aux Etats-Unis, la patronne frontiste arbore un grand sourire au milieu des bêtes. « Oui, c’est chez moi », répondelle à une journaliste. « Comme française, le monde rural, c’est chez moi. Et je n’ai pas envie de voir détruire mon chez-moi, comme des millions de Français n’ont pas envie de voir disparaître l’agriculture », lance-t-elle devant une nuée de caméras.
La députée du Pas-de-Calais déambule lentement dans le hall, s’arrête pour quelques selfies, avale un peu de fromage. « C’est calme, hein, c’est bien », souffle l’un de ses proches. Arrivée au pied d’un panneau indiquant « accord UE-Mercosur, consommateurs et éleveurs en danger », elle fustige les projets d’accord de libreéchange et dénonce la « duplicité » de Laurent Wauquiez, président LR, sur ces sujets. « Il dit défendre le monde paysan alors que 12 eurodéputés de son parti ont voté pour les accords du Ceta. C’est bien de venir parader au salon, mais, quand il s’agit de vraiment défendre les agriculteurs, ils font l’inverse », s’agace le député européen frontiste Jacques Colombier, membre de la commission agriculture. « Seule Marine Le Pen défend le monde agricole, un milieu qu’elle connaît très bien, comme son père. C’est pour ça qu’elle est bien reçue ici. » La traversée se fait effectivement sans encombre, à l’exception d’un accrochage avec un éditeur macronien. Des enquêtes évoquent le fait que les agriculteurs seraient favorables au vote frontiste, après l’abstention. Ceux rencontrés au salon sont plutôt réservés sur leurs échanges avec Marine Le Pen. « Elle était attentive, mais Macron aussi était à notre écoute et Wauquiez connaissait bien son sujet. Je pense que personne n’a la solution miracle », glisse Thibaut, éleveur de vaches aubrac. A côté de ses mirandaises, Daniel, lui, s’interroge : « Mais quel pouvoir a-t-elle en tant que députée ? »