Faut-il débaptiser les rues Faidherbe ?
Mais qui était donc Louis Faidherbe ? A Lille, comme dans plusieurs autres villes de France, une rue très fréquentée porte le nom de cet ancien militaire et une statue à son effigie trône place Richebé, mais on n’y lit aucune explication sur la vie de cette figure du colonialisme.
Cette ignorance collective pose problème à Thomas Deltombe, l’un des coordonateurs de la campagne intitulée « Faidherbe doit tomber ». Elle a commencé, mardi soir, par un débat à la Maison régionale de l’environnement et des solidarités de Lille. « Comment se fait-il que l’on célèbre quelqu’un dont on ne sait rien ? », s’étonne cet ancien journaliste et éditeur qui planche sur la question du colonialisme depuis une quinzaine d’années.
Pour plusieurs collectifs et associations lilloises, le bicentenaire de la naissance du général Louis Faidherbe est l’occasion d’ouvrir le débat sur ce personnage. « Au Sénégal, dont il a été administrateur de la colonie, il a participé lui-même a des massacres, poursuit Thomas Deltombe. On pourrait débaptiser le lycée ou les rues Faidherbe et leur donner des noms de figures de l’anti-colonialisme. Pour les statues, on pourrait renverser le symbole et mettre à l’honneur des résistants sénégalais. » Parce que des rues qui changent de nom, ça arrive. Pas plus tard qu’en décembre, par exemple, la rue de Paris est devenue la rue Pierre-Mauroy. « Il faut qu’il y ait une volonté politique mais le cas de Faidherbe est une question qui gêne », regrette Thomas Deltombe. Diverses manifestations sont, par ailleurs, prévues jusqu’à la date anniversaire de la naissance de Louis Faidherbe. C’était à Lille, le 3 juin 1818.