L’histoire sans fin de Marc Machin avec la justice
Justice Incarcéré en 2004 pour un crime qu’il n’a pas commis, le trentenaire est de nouveau en prison. Il est soupçonné d’avoir violé une femme
Marc Machin est de retour en prison. Celui qui a passé six ans et demi derrière les barreaux, pour un crime qu’il n’a pas commis, a été interpellé, jeudi, trois jours après avoir fêté son 36e anniversaire. Mis en examen dimanche pour « viol sous la menace d’une arme, extorsion avec arme et escroquerie», il a été placé en détention provisoire, indique à 20 Minutes une source judiciaire. La suite d’une longue histoire entre lui et la justice. Les ennuis de ce grand gaillard au visage de boxeur ont commencé en décembre 2001. Alors âgé de 19 ans, ce fils de gardien de la paix est soupçonné d’avoir tué une femme, sur le pont de Neuilly (Haut-de-Seine). Sans emploi, consommateur de cannabis, déjà connu de la justice pour des vols, des violences avec armes et des agressions sexuelles, il aurait été aperçu sur les lieux par un témoin. Après trente-six heures au Quai des Orfèvres, et face à la pression policière, il avait reconnu le meurtre et avait été condamné, trois ans plus tard, à dix-huit ans de prison.
Acquitté en 2012
Pourtant, Marc Machin a longtemps crié son innocence, en soulignant notamment que les analyses ADN ne l’impliquaient pas. Ce n’est qu’en mars 2008 que la justice a commencé à douter sérieusement de sa culpabilité, lorsqu’un SDF de 33 ans a avoué le meurtre non élucidé de Maria-Judith Araujo, étranglée et égorgée sur le pont de Neuilly, le 22 mai 2002. Il a reconnu aussi avoir poignardé, six mois plus tôt, au même endroit, Marie-Agnès Bedot.
Marc Machin est sorti de prison sept mois plus tard. Sa condamnation pour meurtre est annulée le 13 avril 2010. En 2012, il est devenu la huitième personne, depuis la Seconde Guerre mondiale, à être acquittée d’un crime. La justice, qui a reconnu le préjudice moral et matériel, lui a accordé 663320 €. «C’est un soulagement et un dénouement, maintenant la vie continue», déclarait alors Machin. Mais quelques mois après être sorti de prison, en juin 2009, il a été interpellé, soupçonné d’avoir agressé sexuellement une femme et deux adolescentes. « J’ai été rattrapé par mes vieux démons, ma colère et ma frustration ont pris le pas sur ma réflexion», expliquait-il lors du procès. Il a écopé de trois années de prison et de cinq ans de suivi socio-judiciaire avec injonction de soins. Marc Machin a aussi été condamné pour des faits «mineurs», comme du recel de vol de téléphone portable et des violences, notamment à l’encontre d’un voisin. Arrêté dans un hôtel parisien, il est retourné en détention en janvier 2016, alors qu’il était sous le coup de trois condamnations auxquelles il s’était soustrait. Marc Machin avait notamment été condamné, en novembre 2015, à six mois de prison pour des violences volontaires sur une ex-compagne.