Macron tient vraiment à sa loi anti-fake news
Numérique Les deux propositions de loi visant à lutter contre les « fausses informations » arrivent ce mercredi sur la table des députés
Emmanuel Macron serait « soutenu par Al-Qaïda » et « sa campagne aurait été financée par l’Arabie saoudite ». Il aurait « entretenu une liaison avec la fille de Brigitte Macron » et « se laverait les mains après avoir serré celles des ouvriers ». Près d’un an après sa victoire face à Marine Le Pen, Emmanuel Macron n’a pas oublié ces « fake news » diffusées pendant la campagne. C’est pourquoi il est très attaché aux deux propositions de loi « relatives à la lutte contre les fausses informations » qui sont examinées dès ce mercredi par les députés membres de la commission des Lois.
Deux mois à peine après son élection, une première réunion est organisée sur le sujet entre les équipes de l’Elysée, du secrétariat général et du ministère de la Culture. Objectif affiché : « il faut légiférer, la diffusion massive de ces fausses informations est une atteinte à la démocratie », préciset-on au ministère. En décembre, huit articles sont rédigés et les premiers députés de la majorité sont consultés. Dès la fin de l’année 2017, le président annonce en coulisse qu’il souhaite lancer le chantier parlementaire au premier semestre 2018. Et le 3 janvier dernier, face aux journalistes conviés lors des voeux à la presse, les contours de la nouvelle loi sont dévoilés.
Un texte « liberticide » ?
Si aujourd’hui les rapporteurs du texte assurent que les interrogations des députés de la majorité sont dissipées, les débats s’annoncent âpres dans l’hémicycle. A droite et à l’extrême droite, certains élus dénoncent un texte « liberticide » et « dangereux ». L’applicabilité des mesures et leur nécessité même sont également remises en cause, notamment par les juristes.
Quant aux professionnels de la presse, ils s’inquiètent d’un risque de « détournement de cette loi ». Interrogé le 10 avril par l’AFP, le syndicat de la presse en ligne (Spiil) a demandé d’exclure les sites de d’information du champ d’application de la loi. Selon l’organisation, ces mesures pourraient constituer « un moyen de faire supprimer des informations publiées par la presse ». Le vote devrait avoir lieu avant la fin du mois de juin.