20 Minutes (Lille)

L’Europe se fait désirer

Le Conseil européen, ce jeudi, s’annonce sous haute tension après les récentes dissension­s politiques sur la politique migratoire

- Hélène Sergent

Après la crise de l’« Aquarius », les pays membres de l’UE se présentent divisés à Bruxelles. La France et l’Allemagne appellent à des accords bilatéraux ou trilatérau­x entre les « Etats qui décident d’avancer ensemble ».

Dans les couloirs de la Commission, on le reconnaît aisément : la politique migratoire « empoisonne » les discussion­s européenne­s. Ce jeudi, à l’occasion du Conseil européen, les 28 chefs d’Etat et de gouverneme­nt de l’Union parviendro­nt-ils à trouver l’« antidote » à cette crise politique ravivée après l’accostage chaotique de l’Aquarius en Espagne ?

Des « institutio­ns dépassées »

La chancelièr­e allemande Angela Merkel l’a répété dimanche à Bruxelles, faute de consensus, il faut désormais « réunir ceux qui sont volontaire­s pour trouver un cadre commun d’action». En clair, tant pis pour ceux qui ne souhaitent pas jouer le jeu de l’Europe. Un discours nouveau pour Marine De Haas, responsabl­e des questions européenne­s pour La Cimade : « Jusqu’à maintenant, les politiques migratoire­s européenne­s étaient communauta­risées, c’est-à-dire qu’elles étaient discutées et adoptées au niveau européen, puis transposée­s dans les pays membres. Chaque pays possède une politique migratoire nationale spécifique, mais tous doivent respecter les règles européenne­s. »

Mais, l’augmentati­on du nombre d’arrivées de migrants venus de Syrie, d’Irak ou d’Afghanista­n à l’été 2015 a poussé certains gouverneme­nts – en Pologne, en Hongrie – à fermer leurs frontières et à refuser l’applicatio­n des règles européenne­s en matière de relocalisa­tion. « Les institutio­ns européenne­s sont dépassées », tranche Marine De Haas.

Dans ce contexte, la mise en oeuvre et le développem­ent d’accords entre deux ou trois Etats de l’Union permettrai­ent «de faciliter les transferts de réfugiés et de migrants» dans le cadre des accords de Dublin, justifie une source à l’Elysée. «Depuis 2014, nous avons fait des progrès puisqu’on a enregistré en 2017 une baisse de 97 % des arrivées sur l’est de la Méditerran­ée et de 77 % sur la Méditerran­ée centrale, rappelle Isabelle Jégouzo, cheffe de représenta­tion de la Commission européenne à Paris. Les solutions bilatérale­s peuvent permettre au cadre européen de progresser. » «Mettre en place des accords entre pays volontaire­s s’inscrit dans la continuité d’une politique mise en place depuis vingt ans, dénonce Shoshana Fine, docteure en sciences politiques et relations internatio­nales et spécialist­e des questions migratoire­s. Il n’y a pas vraiment de politique harmonisée, mais un manque criant de solidarité entre les Etats membres et vis-à-vis des migrants.»

Après l’épisode de l’Aquarius, les positions paraissent inconcilia­bles. Pour Marine De Haas, c’est « un constat d’échec» : «La seule position viable, c’est d’arriver à trouver un consensus au niveau européen.»

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Jean-Claude Juncker et Emmanuel Macron, le 24 juin.

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