Les artistes féminines apportent une touche politique
Les rares artistes féminines invitées à Jazz à la Villette apportent une touche politique
Brad Mehldau, Kenny Garrett, Erik Truffaz, Henri Texier : pour sa 17e édition, Jazz à la Villette* mise sur du lourd et du masculin. Le principal festival de jazz d’Ile-de-France, avec sa fréquentation record (30000 personnes attendues), accueille de grands noms. On remarque toutefois que les rares artistes féminines présentes à Jazz à la Villette sont les plus enthousiasmantes et… politiques.
Janelle Monáe fera ainsi l’événement, mercredi à 20 h. Son troisième album studio, Dirty Computer, sorti au printemps, est un bijou qui a électrisé bien au-delà de la communauté jazz. Mais la vraie nouveauté de ce troisième opus est l’affirmation politique de la chanteuse qui a fait son coming out pansexuel récemment et n’hésite plus à revendiquer ses prises de position sur scène et dans ses chansons. « Quand je me démaquille après un concert, je suis cette femme noire, explique Janelle Monáe au Guardian. Mais sur scène aussi, je veux faire passer le message qu’en tant que femme noire je suis connectée avec tous les groupes marginalisés. Je me sens proche des migrants, je comprends la douleur d’avoir été poussé dans les marges de la société à cause de l’endroit d’où l’on vient. »
Peut-être moins politique, du moins aujourd’hui, Rhoda Scott n’en est pas moins restée une artiste contestataire. Pour Jazz à la Villette, elle jouera avec son Lady Quartet, vendredi à 20 h, une formation 100 % féminine qu’elle a créée au début de l’été. A 80 ans, Rhoda Scott est une légende du jazz. Dans son dernier album, qu’elle a fait le choix d’intituler We Free Queens, elle invite les meilleurs talents féminins. Hélas, Une telle démarche relève encore de l’acte militant et revendicatif en 2018.
Laura Perrudin, elle, joue seule en scène, mercredi à 20 h. Son combat est ailleurs, mais fait aussi écho au féminisme. Son «cheval de bataille» est la réhabilitation de son instrument, la harpe. « J’aimerais qu’on arrête de mettre des étiquettes sur la harpe liée à la musique classique, à la musique traditionnelle et à quelque chose de féminin, de pseudoféerique, lié à la douceur, alors que ça peut être complètement autre chose », expliquait-elle à Culturebox. Mais sa harpe n’est pas comme les autres. Laura Perrudin possède la seule harpe chromatique et électrique au monde. Se laisser emporter par la pop de son album Poisons &
Antidotes sera sans doute l’une des meilleures inspirations des festivals de Jazz à la Villette.
* Jusqu’à dimanche, à Paris 19e et Pantin (Seine-Saint-Denis). De 12 € à 45 € la place. Programme complet sur jazzalavillette.com.
«En tant que femme noire, je suis connectée avec les groupes marginalisés.»
Janelle Monáe