Lara Croft poursuit sa mue physique et morale
Plus musclée et torturée, la star des jeux vidéo revient dans un opus de « Tomb Raider »
Héroïne la plus connue du monde du jeu vidéo, Lara Croft a bien changé en vingt ans et presque autant de jeux Tomb Raider. A l’origine aventurière bimbo, avec mini-short et gros polygones, elle est devenue, depuis son reboot en 2013, une étudiante en archéologie plus jeune, plus réaliste, plus moderne. Cette évolution physique, psychologique et même sociale continue dans « Shadow of the Tomb Raider », suite de « Rise » et conclusion de la trilogie d’origine sur Lara Croft. « Lara a longtemps été lisse, faite de téflon et de pixels, commente Fleur Marty, productrice sur “Shadow”. Le reboot la présentait comme naïve et utopiste, et elle se prenait la vie en pleine tronche. » On se souvient de la séquence polémique de l’agression sexuelle, qui prend aujourd’hui un écho différent avec le mouvement #MeToo et qui rappelle que Lara est une héroïne, mais aussi une femme, une « survivante ». Si ce nouveau jeu n’est pas un épisode révolutionnaire pour la franchise, avoue elle-même la productrice, il est celui de la maturité pour Lara : « Nous voulions que le joueur questionne le personnage, son état d’esprit, ses motivations, ses limites. Elle est la cause de l’apocalypse, et elle est la seule à pouvoir l’arrêter. Elle n’est pas forcément présentée sous un jour aimable, sympathique. Cette dualité, ce rapport à la vie et à la mort, ce jeu d’ombre et lumière, est au coeur du jeu. »
Pour Fleur Marty, travailler sur « Tomb Raider » a été à la fois excitant et effrayant : « Je me sentais une responsabilité en tant que femme, car Lara est une icône pour des générations, à faire découvrir aux nouvelles générations. Il fallait la moderniser, que les joueurs et joueuses puissent s’identifier à ses failles, ses doutes, ses émotions. Elle est une vraie héroïne, pas une super-héroïne.» Fleur Marty n’est pas la seule femme dans l’équipe de développement, qui compte également Jill Murray au scénario, après les deux précédents épisodes écrits par Rihanna Pratchett, fille de Terry, le célèbre auteur de fantasy. « Mais il n’y a pas assez de femmes dans le jeu vidéo, confie la productrice, et le studio Eidos ne déroge malheureusement pas à la règle. Avec plus de femmes, de points de vue, de diversité et de richesse, on obtient juste de meilleurs jeux. »
« Nous voulions que le joueur questionne le personnage, son état d’esprit. » Fleur Marty, productrice