Une France, deux ambiances
DÉMOCRATIE Les 18-30 ans de la communauté #MoiJeune sont plutôt défiants envers la démocratie, selon une enquête « 20 Minutes »/OpinionWay. Et ils le sont plus encore dans les campagnes que dans les villes.
La démocratie est-elle à géographie variable ? Les jeunes Français n’en ont en tout cas pas la même appréciation selon le lieu où ils habitent. C’est le résultat d’une enquête menée auprès de la communauté #MoiJeune (lire l’encadré) par OpinionWay pour 20 Minutes, en partenariat la sociologue Anne Muxel*.
Parmi les sondés, 62% pensent que la démocratie ne fonctionne « pas très bien » ou « pas bien du tout ». Cette insatisfaction ne semble pas caractéristique de la jeunesse, puisque 70 % des Français, tous âges confondus, ont la même opinion, selon une enquête menée en janvier 2017 par le Cevipof. Dans le détail, les résultats diffèrent en fonction du lieu de vie des 18-30 ans. En Ile-de-France, un jeune sur deux est plutôt satisfait de la démocratie française, contre un sur trois dans le reste du pays. L’écart se creuse encore plus entre les territoires plus ou moins urbanisés. Les jeunes des zones rurales sont bien plus insatisfaits du fonctionnement du système politique (80%) que ceux des villes de plus de 200 000 habitants (59 %). Dans les villes moyennes (2 000 à 200 000 habitants), l’insatisfaction se situe autour de 60 %. Dans Paris, la tendance s’inverse : 54 % des jeunes se disent satisfaits de la démocratie.
Chômage, mauvaise écoute...
Pour Anne Muxel, directrice de recherche au CNRS (Cevipof/Sciences Po) et administratrice de la Fondation Jean-Jaurès, « les conditions d’insertion sociale, culturelle et économique » peuvent jouer sur cette perception de la démocratie. Le taux de chômage des jeunes varie entre les régions : il est autour de 50 % en outre-mer, tandis qu’il s’élève à 22% en Ile-de-France, Auvergne RhôneAlpes, Pays-de-la-Loire et Bretagne, selon des données publiées en 2016 par l’Insee.
« La jeunesse rurale se sent plus pénalisée et moins représentée par les responsables politiques, ce qui peut jouer sur son opinion de la démocratie», avance Anne Muxel. Pour huit jeunes sur dix, les responsables politiques ne sont en effet pas « plus à l’écoute des jeunes que par le passé » depuis l’élection présidentielle de 2017. Et, à nouveau, un clivage territorial apparaît puisque ce sentiment concerne neuf jeunes sur dix en zone rurale.