Les camions vont rallier Calais depuis l’Italie par les rails
Viia, filiale de la SNCF, a mis en service une autoroute ferroviaire entre le port de Calais et l’Italie
Mardi, Viia, filiale de la SNCF, a inauguré l’autoroute ferroviaire reliant le port de Calais à la ville d’Orbassano, en Italie. Sur cette ligne, point de voyageurs mais des remorques de camions. Economiquement, il s’agit d’un pari osé, le fret ferroviaire n’étant pas au mieux de sa forme. Mais le président de Viia, Thierry Le Guilloux, mise sur une conjoncture favorable.
« Dans le secteur de Calais, entre le port et le Tunnel, ce sont près de quatre millions de camions qui transitent chaque année, dont au moins 300000 vers l’Italie », assure le président de Viia. L’opérateur de fret ferroviaire espère capter une partie de ces camions pour les mettre sur ses trains, « 30 000 par an », estime Thierry Le Guilloux. L’ouverture de cette ligne aura coûté à Viia 40 millions d’euros. « Essentiellement pour le matériel roulant puisque nous possédons déjà des terminaux à Calais et à Orbassano », assure le président de Viia. Le rythme espéré des liaisons est de 24 par semaine d’ici à la fin 2019.
Conjoncture favorable
Pour remplir ses trains, le transporteur a plusieurs arguments : « La conjoncture est plutôt favorable au fret ferroviaire avec la pénurie de chauffeurs routiers longue distance et l’augmentation du prix du gasoil », affirme l’opérateur. Il compte aussi sur la volonté des transporteurs de se payer une image plus verte. Une logique affichée qui tranche pourtant avec la réalité constatée par le comité d’entreprise (CE) de Fret SNCF : « Depuis 2009, la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises terrestre baisse régulièrement. Il y a un réel manque de volonté politique de promouvoir ce mode de transport de marchandises, ne serait-ce que lorsque l’on voit l’état du réseau », explique à 20 Minutes un membre du CE. Pour le représentant du personnel, l’argument du prix de l’essence ne tient pas vraiment : « Cela ne pénalise que les transporteurs français, déjà largement affaiblis par le dumping social des entreprises des pays de l’est qui payent leurs chauffeurs et le carburant bien moins cher. » Pourtant, le président de Viia et le gouvernement voient dans les autoroutes ferroviaires « un transport de marchandises performant et propre » qui va dans le sens de l’avenir. « Mettre un camion sur un train réduit de 90 % ses émissions de gaz à effet de serre », promet Thierry Le Guilloux.