Michel Fourniret jugé pour un meurtre et le vol d’un magot
« L’ogre des Ardennes » et son exépouse sont jugés pour le meurtre d’une femme et le vol du butin du gang des postiches
Des kilos d’or enterrés dans un cimetière. D’anciens braqueurs. Un tueur en série. Et un cadavre introuvable. Cela ressemble au scénario d’une série B. Mais c’est bien l’un des chapitres de l’histoire de Michel Fourniret, 76 ans, que la cour d’assises des Yvelines va examiner, à partir de ce mardi. Au côté de son ex-épouse Monique Olivier, le tueur va être jugé pour le meurtre de Farida Hammiche (le seul crime non sexuel qu’il a reconnu) et le vol du magot du gang des postiches. Le fric-frac est digne des années 1980. A l’époque, Michel Fourniret n’est pas encore «l’ogre des Ardennes». Mais il purge une peine de prison à FleuryMérogis pour une série d’agressions sexuelles sur mineurs. Pour éviter de subir les désagréments dus aux «pointeurs» en détention, il se place sous la protection de Jean-Pierre Hellegouarch. Ce braqueur cherche quelqu’un pour l’aider à faire main basse sur le trésor du gang des postiches, dont il a découvert l’emplacement auprès d’un autre codétenu. Libéré pour «bonne conduite» en 1987, Michel Fourniret est chargé de retrouver Farida, la femme du braqueur, afin de l’aider à déterrer le trésor. Rendezvous est fixé au cimetière de Fontenayen-Parisis (Val-d’Oise). Rapidement, la pioche heurte une caisse à outils rouge. A l’intérieur, «vingt kilos d’or», selon les enquêteurs.
L’ombre de l’affaire Mouzin
Trente mille francs et l’achat d’une ferme ? Cinq cent mille francs ? Impossible de savoir combien Fourniret avait négocié pour accepter le travail. Les versions divergent. Mais ce n’était pas suffisant. «Quelque temps après, il m’a dit que ce serait mieux d’avoir un peu plus… et même tout», reconnaîtra Monique Olivier devant les enquêteurs. Michel Fourniret embarque alors Farida Hammiche pour une autre promenade. Il lui fait croire qu’il a besoin d’elle pour récupérer des armes planquées dans une ferme. Sitôt descendu de voiture, il la poignarde avant de l’étrangler et de la balancer dans le coffre de la voiture.
Déjà condamné à la perpétuité incompressible pour cinq meurtres et deux assassinats, «Michel Fourniret n’attend pas grand-chose de ce procès, indique Grégory Vavasseur, son avocat. Dans cette affaire, il a livré des aveux circonstanciés et il n’est pas du genre à revenir dessus. » Monique Olivier, 70 ans, «a [elle aussi] reconnu sa complicité », explique Richard Delgenes, son avocat. Les parties civiles, elles, n’ont « pas perdu espoir de savoir où est enterrée Farida », explique Corinne Herrmann, avocate de Jean-Pierre Hellegouarch. Ni de faire avouer à «l’ogre» d’autres crimes. Estelle Mouzin, cette fillette volatilisée en 2003 en Seine-et-Marne, sera dans les esprits lors de ce procès. Michel Fourniret a toujours nié son implication. Mais les enquêteurs savent également que tous les dossiers sont liés. Le verdict est attendu vendredi.