La friche de la zizanie
Urbanisme Le projet Saint-Sauveur n’en finit pas d’opposer la ville à deux assos écolos
Le gris a pris le pas sur le vert. En quelques mois, les bulldozers ont rasé une bonne partie des espaces naturels de la friche Saint-Sauveur. Une friche de 23 ha (46 terrains de football) sur laquelle la ville de Lille projette, depuis plusieurs années, de construire un nouveau quartier. Or, en octobre, le tribunal administratif a ordonné la suspension de ce projet, tant qu’une étude sur la qualité de l’air n’a pas été réalisée. Pourtant, depuis cette décision, les associations, à l’origine du recours contre ce projet d’urbanisme, ont constaté que les travaux continuaient sur la friche.
Un massif de béton
« En détruisant la végétation, la mairie veut, d’une part, rassurer les investisseurs et, d’autre part, supprimer les preuves de la biodiversité qui existait sur la friche. En quinze ans, plantes, insectes, oiseaux et mammifères avaient reconquis cet espace », soulignent les assos Parc et Aspi. Pour elles, le chantier a pour but « d’empêcher quiconque d’étudier l’état initial des futures zones à urbaniser et d’araser les imaginaires des habitants confrontés désormais à un trou de bombe plutôt qu’à un début de parc sauvage. »
Un procès d’intention que réfute la mairie de Lille. « Les travaux en cours sont légaux, précise Stanislas Dendiével, conseiller municipal délégué à l’Urbanisme. Il s’agit de chantiers d’entretien et de préparation. Une phase de ces travaux doit d’ailleurs permettre un diagnostic archéologique. »
Selon l’élu, le sous-sol de cette friche est recouvert en grande partie d’un massif de béton « sans grand inté- rêt ». Il assure que « ce nettoyage a surtout permis de se débarrasser de la renouée du Japon, une plante invasive classée parmi les cent plus préoccupantes du monde. » A contrario, « une plante, qui présentait un intérêt en termes de biodiversité, a été transférée, cet automne, sur un autre site de friche ferroviaire à Roubaix, suivant les prescriptions de l’autorité environnementale », indique Stanislas Dendiével.