20 Minutes (Lille)

La friche de la zizanie

Urbanisme Le projet Saint-Sauveur n’en finit pas d’opposer la ville à deux assos écolos

- Gilles Durand

Le gris a pris le pas sur le vert. En quelques mois, les bulldozers ont rasé une bonne partie des espaces naturels de la friche Saint-Sauveur. Une friche de 23 ha (46 terrains de football) sur laquelle la ville de Lille projette, depuis plusieurs années, de construire un nouveau quartier. Or, en octobre, le tribunal administra­tif a ordonné la suspension de ce projet, tant qu’une étude sur la qualité de l’air n’a pas été réalisée. Pourtant, depuis cette décision, les associatio­ns, à l’origine du recours contre ce projet d’urbanisme, ont constaté que les travaux continuaie­nt sur la friche.

Un massif de béton

« En détruisant la végétation, la mairie veut, d’une part, rassurer les investisse­urs et, d’autre part, supprimer les preuves de la biodiversi­té qui existait sur la friche. En quinze ans, plantes, insectes, oiseaux et mammifères avaient reconquis cet espace », soulignent les assos Parc et Aspi. Pour elles, le chantier a pour but « d’empêcher quiconque d’étudier l’état initial des futures zones à urbaniser et d’araser les imaginaire­s des habitants confrontés désormais à un trou de bombe plutôt qu’à un début de parc sauvage. »

Un procès d’intention que réfute la mairie de Lille. « Les travaux en cours sont légaux, précise Stanislas Dendiével, conseiller municipal délégué à l’Urbanisme. Il s’agit de chantiers d’entretien et de préparatio­n. Une phase de ces travaux doit d’ailleurs permettre un diagnostic archéologi­que. »

Selon l’élu, le sous-sol de cette friche est recouvert en grande partie d’un massif de béton « sans grand inté- rêt ». Il assure que « ce nettoyage a surtout permis de se débarrasse­r de la renouée du Japon, une plante invasive classée parmi les cent plus préoccupan­tes du monde. » A contrario, « une plante, qui présentait un intérêt en termes de biodiversi­té, a été transférée, cet automne, sur un autre site de friche ferroviair­e à Roubaix, suivant les prescripti­ons de l’autorité environnem­entale », indique Stanislas Dendiével.

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La friche Saint-Sauveur avait vu, par endroits, la nature reprendre ses droits.

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