Toujours pas
Malgré l’annonce par le Premier ministre d’un moratoire sur la hausse des taxes sur le carburant, les « gilets jaunes » restent mobilisés contre le gouvernement.
Après trois semaines de tension avec les «gilets jaunes», l’exécutif effectue un petit changement de cap. Pour «ramener l’apaisement et la sérénité dans le pays », Edouard Philippe a annoncé mardi la suspension pendant six mois de trois mesures fiscales devant entrer en vigueur le 1er janvier : la hausse de la taxe carbone, sur l’essence, le fioul et le diesel, la convergence fiscale du diesel avec celle de l’essence et l’alignement sur la fiscalité des particuliers de la fiscalité du gazole des entrepreneurs non routiers. Le Premier ministre a aussi annoncé que les tarifs du gaz et de l’électricité« n’augmenter[aient] pas pendant l’hiver», comme prévu initialement, et la suspension, pour six mois là aussi, du durcissement prévu du contrôle technique. A Brest, puis Lorient, ces déclarations ont été jugées «satisfaisantes» et les blocages des dépôts pétroliers ont été levés. Ailleurs, c’est la colère qui dominait. « Ils sont complètement déconnectés, s’agace Yves Garrec, gérant d’une société de VTC et “gilet jaune” à Toulouse. Ils n’ont pas compris ce qu’il se passait dans la rue. Ils font un moratoire pendant six mois pour qu’on évite de leur casser les couilles, qu’on ne bloque pas les commerçants à Noël. Mais on sait bien qu’ils ne pourront pas s’asseoir sur plusieurs milliards d’euros et que les taxes reviendront au mois de juin. » Selon le gouvernement, ces hausses auraient dû rapporter 3 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2019 dans les caisses de l’Etat, soit un manque à gagner de 1,5 milliard pour le report de six mois.
« Samedi, ça va être le feu »
« Ces six mois de suspension sont une tentative de pourrir le mouvement, pour être tranquille lors des européennes et tout réinstaurer pendant les vacances estivales», estime Guigui, «gilet jaune» à Sigean (Aude). « Nous voulons des réponses plus concrètes, complète le membre d’une page Facebook en Seine-et-Marne. Une baisse du prix du carburant et des taxes, une augmentation du Smic et des retraites. On veut que Macron n’oublie pas non plus les gens, qui, comme moi, vivent en dessous du Smic. On veut qu’il nous écoute, ou qu’il démissionne.»
Une dizaine de groupes Facebook consultés par 20 minutes montrent que le mouvement devrait se poursuivre ce week-end. Yves Garrec prévient : « Samedi, ça va être le feu. » Mardi, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, a invité «les “gilets jaunes” raisonnables » à ne pas se rassembler à Paris et promis d’accroître la mobilisation des forces de l’ordre en France.