« Dès mes premières émissions, j’ai voulu casser les codes»
Musique Le présentateur est à la tête de l’émission de radio «Carrefour de Lodéon» depuis plus de vingt-cinq ans
Il a présenté les Victoires de la musique classique pendant dix-sept ans sur France 3 et est à la tête de «Carrefour de Lodéon», diffusé actuellement sur France Musique, depuis plus de vingt-cinq ans. Qui de mieux que Frédéric Lodéon, récompensé d’une Victoire d’honneur en 2017, pour faire aimer la musique classique?
Pouvez-vous nous rappeler votre carrière ?
A l’origine, je suis violoncelliste. En 1977, j’ai gagné le premier prix du concours Rostropovitch. Puis j’ai rencontré Jacques Chancel, qui animait « Radioscopie » et « Le Grand Echiquier ». Il m’a fait jouer avec Georges Brassens, Julien Clerc… « Je travaille à la curiosité », m’avait-il dit.
«Dès mes premières émissions, j’ai voulu casser les codes. Il faut parler de l’être humain d’abord.»
Justement, comment fonctionnezvous dans vos émissions ?
« Il faut donner aux gens ce qu’ils pourraient aimer », disait Jacques Chancel. J’évite le jargon, ça n’enrichit personne. Dès mes premières émissions de radio, j’ai voulu casser les codes. Le dénominateur commun entre les auditeurs, Mozart et moi, c’est que nous partageons une joie de vivre, des peurs, de la tristesse, etc. Il faut parler de l’être humain d’abord.
C’est-à-dire ?
La musique ne doit pas être solennelle, scolaire. Si on parle de formes d’écriture, c’est ennuyeux à mourir. Je préfère dire que Mozart a écrit cette sonate quand il était très malheureux à Paris. J’adore raconter.
Que répondez-vous à ceux qui vous accusent d’être trop populaire ?
On n’est jamais trop populaire. L’année prochaine, je fêterai mes cinquante ans de carrière, donc je m’en fous maintenant. Mes ennemis sont morts. Quelques fois, des coups m’ont fait mal, mais le public ne se trompe pas, il me remercie d’avoir ouvert des portes. Il ne faut pas avoir de complexes en musique.
Et donc là, les Victoires de la musique classique, c’est terminé ?
Après dix-sept ans à les présenter, j’ai mis la clé sous la porte l’année dernière. Le directeur général qui était mon ami est parti. Je me suis dit qu’il était temps pour moi de lâcher la rampe. Place aux jeunes !
Quand on n’y connaît rien, par quoi faut-il commencer son initiation à la musique classique ?
Ça dépend de votre nature. Qu’est-ce que vous attendez de la musique ? Si c’est du calme, je vous conseille du vrai classique : Mozart, Haydn, Schubert. Les romantiques se sont dégagés de la perruque, en même temps, ils ont beaucoup d’orgueil. Beethoven c’est la force, Brahms la sensualité, Debussy la poésie. La musique, c’est du plaisir et de l’émotion.