La vigilance en sommeil
Selon un sondage OpinionWay pour Optic2000, un Français sur deux reconnaît avoir somnolé au volant. Ce phénomène est la cause de 25% des accidents mortels sur les autoroutes.
Les yeux qui papillonnent de plus en plus avant de se fermer alors que vous êtes au volant. Loin d’être un épiphénomène, la somnolence au volant est un risque que font courir fréquemment les conducteurs à eux-mêmes et aux autres. Selon une enquête réalisée par OpinionWay pour Optic 2000* et parue ce jeudi, près d’un Français sur deux déclare ainsi avoir déjà somnolé au volant et 38 % des sondés avouent même avoir déjà eu peur de causer un accident parce qu’ils avaient une forte envie de dormir.
Un danger dont les effets se mesurent dans le dernier bilan de l’accidentalité routière de l’Observatoire national interministériel de la Sécurité routière. Il indique que, entre 2013 à 2017, la somnolence était en cause dans 25 % des accidents mortels sur les autoroutes. C’était même la première cause d’accident chez les conducteurs âgés entre 55 ans et 74 ans sur le réseau autoroutier en 2017. «Les longues distances parcourues sur autoroute peuvent être plus propices à la somnolence en raison de la monotonie du trajet, observe le délégué interministériel à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe. Mais les accidents causés par la fatigue sont aussi constatés sur certaines grandes routes droites du réseau secondaire, comme dans les Landes. »
Conseils et technologie
Les conducteurs ont aussi plus tendance à piquer du nez lors des grands départs en vacances, observe Nathalie Irisson, la secrétaire générale de l’association Attitude Prévention : « Non seulement les conducteurs ont accumulé de la fatigue les mois d’avant, mais ils ont aussi tendance à se coucher tard la veille d’un départ, pour boucler leurs valises. Ou à partir tôt pour éviter les embouteillages. » « Tous les conducteurs ne respectent pas non plus le principe d’une pause toutes les deux heures, alors que conduire demande une forte concentration », souligne Chantal Perrichon, la présidente de la Ligue contre la violence routière. Pour éviter d’avoir envie de tomber dans les bras de Morphée, il suffit pourtant de prendre quelques précautions. Comme « ne pas conduire si l’on prend un médicament sur lequel est affiché un pictogramme rouge», prévient le professeur Pierre Philip, responsable de la clinique du sommeil du CHU de Bordeaux-Pellegrin. « Ne pas boire d’alcool avant le trajet et prendre un repas léger », préconise Nathalie Irisson. Ou bien, plus novateur, s’offrir une paire de « lunettes connectées qui détectent la fatigue via les battements de paupière et préviennent le conducteur», propose Emmanuel Barbe. Toutefois, glisse Nathalie Irisson, « la technologie ne remplacera jamais un bon repos ».
* Menée du 27 février au 3 mars auprès d’un échantillon de 1 350 détenteurs du permis de conduire âgés de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.