Le gouverneur de la Banque de France fait l’éloge de l’euro
Le gouverneur de la Banque de France a fait l’éloge de la monnaie unique
Un véritable plaidoyer pour l’euro. A quelques semaines des élections européennes, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a profité de sa «lettre» annuelle envoyée au président de la République pour dresser un bilan de la monnaie unique, vingt ans après sa création – cette lettre est traditionnellement annexée au rapport de la Banque de France, présenté ce mardi. 20 Minutes a pu en prendre connaissance, en avant-première.
Débat sur le pouvoir d’achat
Pour François Villeroy de Galhau, les «deux objectifs fondateurs» de l’euro, la stabilité des prix et celle des changes, «ont été atteints». En ce qui concerne l’Hexagone, le gouverneur s’attarde sur la question du pouvoir d’achat. Il y a peu, une étude d’un think tank allemand estimait que les Français ont perdu de l’argent à cause de l’euro. «Dans la perception des Français, le passage à l’euro s’est accompagné d’une hausse des prix significative», relève François Villeroy de Galhau. Pourtant, « depuis 1999, les prix augmentent nettement moins vite en France (…), seulement 1,4% par an en moyenne». Ce décalage peut s’expliquer, selon lui, par deux facteurs. Le premier, c’est que «les consommateurs accorderaient plus d’importance aux prix en hausse qu’aux prix en baisse ou stables». Emmanuel Macron jugeait d’ailleurs que, en France, «on regarde le centime qu’on perd, jamais celui qu’on gagne». Le gouverneur rappelle, par exemple, que le prix de la baguette de pain (4,40 francs en 2001, soit 0,67 centime d’euro) n’a progressé que de 30% en dix-sept ans, «soit une progression à peine supérieure à l’inflation» sur l’ensemble de la période. En revanche, concède-t-il, le prix du gazole a nettement flambé.
Le deuxième facteur, c’est l’augmentation des dépenses «contraintes», comme le logement, l’alimentation, la santé…. Selon Le Monde, ces dépenses représentent désormais 30% du budget des ménages, deux fois plus que dans les années 1960. Malgré tout, François Villeroy de Galhau constate que le pouvoir d’achat par unité de consommation (qui permet de prendre en compte la composition des foyers) «a progressé en cumulé de 16%» depuis 1999. Le chiffre, véridique, masque une autre réalité : cette progression est devenue quasiment nulle depuis 2008, ce qui peut expliquer le ressenti négatif des Français sur cette question.
Malgré tout, la lettre au président de la République laisse aussi entendre que tout n’est pas parfait dans la zone euro. La monnaie unique «n’a pas suffisamment favorisé la convergence des niveaux de revenu», reconnaît le gouverneur. Pour résoudre cet écart entre pays du Nord et du Sud, il préconise de poursuivre «des réformes nationales ambitieuses», notamment pour diminuer le taux de chômage et dynamiser l’activité. En parallèle, François Villeroy de Galhau demande à l’Allemagne, qui dispose d’un énorme excédent budgétaire, de s’engager «dans une véritable relance (…) pour soutenir [sa] propre croissance comme celle de la zone euro». Une demande similaire à celle formulée par le FMI l’an passé. Cela sera-t-il suffisant?