20 Minutes (Lille)

Une vidéo impliquant Benalla devrait sauver un prévenu

Procès Le procureur a requis la relaxe de Khelifa M., poursuivi pour violences et lui-même molesté par l’ex-chargé de mission de l’Elysée

- Vincent Vantighem

Comme s’il était devenu bien trop sulfureux. Ni la présidente, ni le procureur, ni les avocats n’ont prononcé le nom d’Alexandre Benalla, devant la 24e chambre du tribunal correction­nel de Paris, mardi. Même la greffière n’est pas parvenue à brancher le son au moment de diffuser la vidéo où on le voit tordre le bras d’un jeune homme, le 1er mai, au Jardin des plantes (Paris 5e), afin de l’arrêter.

Un problème de procédure

Le jeune homme en question s’appelle Khelifa M., un soudeur de 32 ans. Personne n’en aurait jamais entendu parler sans Alexandre Benalla. Mais, paradoxale­ment, c’est sans doute à l’ex-chargé de mission de l’Elysée qu’il va devoir son salut. Accusé d’avoir jeté des pierres sur les forces de l’ordre lors de la fête du Travail, Khelifa M. a entendu, mardi, le procureur requérir une relaxe en sa faveur, en raison d’une « grossière erreur » de procédure.

Le procès-verbal de son interpella­tion stipule qu’il a été vu, ce jour-là, en train de jeter des projectile­s sur les CRS à 17 h 01. Qu’en conséquenc­e, il a été interpellé à 17 h 02. Personne n’aurait jamais sans doute contesté ces faits. Mais Le Monde a révélé « l’affaire Benalla ». Mediapart et FranceInfo lui ont emboîté le pas en déterrant une vidéo où l’on voit Alexandre Benalla faire une « clé de bras » à Khelifa M. Seul problème, la vidéo a été horodatée à 16 h 52. Comment Khelifa M. a-t-il pu être vu en train de jeter des pierres sur les CRS à 17 h 01 alors qu’Alexandre Benalla et son comparse, Vincent Crase, l’avaient maîtrisé neuf minutes plus tôt ? Le procureur a bien expliqué qu’il avait « l’intime conviction » que le prévenu avait commis les faits, mais n’a pu faire autrement que de requérir la relaxe pour les actes de violences en raison de ce problème de procédure. La décision a été mise en délibéré au 4 juin.

A l’aise à la barre, Khelifa M. a expliqué comment la manifestat­ion du 1er-Mai avait viré au drame pour lui. « On a été pris en sandwich, se souvient-il. On s’est réfugié dans le Jardin des plantes. A l’intérieur, on m’a tendu trois pavés en me disant : “C’est à toi, ça ?” C’était des policiers. L’un d’eux avait un brassard orange. » Mais impossible pour lui de dire de qui il s’agissait, à cause des gaz lacrymogèn­es utilisés alors. « J’entends une matraque [télescopiq­ue] qui s’ouvre très violemment, poursuit-il. J’ai eu le réflexe de m’enfuir, mais je n’ai pas été assez vite. J’ai pris un coup sur la jambe droite. » Une photo prise ce jour-là par une agence américaine montre clairement Alexandre Benalla et Vincent Crase emmener le prévenu. Sur le cliché, Vincent Crase arbore un brassard orange au bras droit et tient une matraque télescopiq­ue dans la main gauche. L’enquête sur les violences dont est accusé Alexandre Benalla, elle, est toujours en cours.

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Une vidéo de l’arrestatio­n de Khelifa M. par Benalla a été prise, le 1er mai.

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