20 Minutes (Lille)

Verdict alourdi en appel pour Abdelkader Merah

Justice Abdelkader, le frère du « tueur au scooter », a écopé d’une peine plus lourde qu’en première instance

- Vincent Vantighem

En quatre semaines de procès, Abdelkader Merah n’a pas jeté un seul regard vers les familles des victimes de son frère, Mohamed Merah. Jeudi matin, au moment de prononcer les derniers mots avant que la cour ne se retire pour délibérer, il n’a logiquemen­t pas eu, non plus, une pensée pour elles. « Je voulais simplement dire que je n’ai rien à voir avec les actions perpétrées par mon frère », a-t-il simplement lâché, de cette voix mâtinée d’accent toulousain. Comme s’il était sûr de son fait. Et sûr de son effet sur les juges.

La complicité retenue

Après douze heures de délibérati­on, la cour d’assises de Paris, spécialeme­nt composée de magistrats profession­nels pour le juger, l’a condamné jeudi soir, en appel, à trente ans de réclusion criminelle pour associatio­n de malfaiteur­s terroriste­s. Elle l’a aussi reconnu coupable de complicité des assassinat­s commis par son frère en 2012 à Toulouse (HauteGaron­ne) et à Montauban (Tarn-etGaronne). Un verdict plus lourd que celui rendu lors du procès en première instance. Fettah Malki, son coaccusé, jugé, lui, pour avoir vendu les armes à Mohamed Merah, a été condamné à dix ans de prison. Mercredi, dans un prétoire bondé et étouffant, Eric Dupond-Moretti, l’avocat d’Abdelkader Merah, avait appelé les juges à faire preuve « de courage » à son sujet. « Vous voulez quoi ? Qu’on le juge comme il serait jugé dans un Etat islamique ? Sans avocat ? Qu’il soit lapidé? [la plupart des Etats islamiques où la charia est en vigueur, n’appliquent plus la lapidation] C’est ça que vous voulez pour lui ? C’est ça que vous voulez pour nous ? », avait-il tonné. Le ténor du barreau et ses deux collaborat­eurs avaient passé l’aprèsmidi à décrire sévèrement leur client : « le mal incarné », « un sale type », « un islamiste radical ». Mais pas « un terroriste ». Fustigeant l’enquête, ils ont rappelé qu’il n’existait aucune preuve indubitabl­e qu’Abdelkader Merah ait aidé ou assisté son frère, Mohamed, dans son entreprise terroriste. De son côté, l’accusation avait ferraillé, mardi, pendant plus de quatre heures, avant de requérir une peine de réclusion criminelle à perpétuité à son encontre. Bien conscients du manque de preuve flagrante, les avocats généraux avaient toutefois estimé qu’Abdelkader Merah avait agi comme « un frère modèle, un frère mentor, un frère sachant, un frère enseignant » auprès de Mohamed Merah. Reprenant la chronologi­e des jours précédant les tueries de Toulouse et de Montauban, les représenta­nts du ministère public avaient tenté de convaincre que les deux frères formaient une « communauté d’esprit, de projet et d’action » terroriste.

Si aucun pourvoi en cassation n’est formé dans les dix jours, ce verdict deviendra définitif.

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L’accusé a nié jeudi matin être lié aux actes terroriste­s de son frère.

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