Les antivaccins font réagir
Face à la désinformation autour de la vaccination, la lutte s’organise sur les réseaux sociaux.
Face à la recrudescence des cas de rougeole à travers le monde (50% de cas en plus signalés en 2018 par rapport à 2017), organisations internationales et gouvernements s’alarment. Et si c’était, à nouveau, un coup des antivaccins ou «antivax», très actifs sur les réseaux sociaux?
Le phénomène n’est pas récent. En France, l’adoption en octobre 2017 de la loi sur « l’obligation vaccinale » portant à 11 le nombre de vaccins obligatoires a enflammé les débats en ligne. A l’occasion de la Semaine de la vaccination (du 24 au 30 avril), 20 Minutes a cherché à comprendre comment les plateformes en ligne et une poignée d’internautes s’organisent pour lutter contre les contenus hostiles à la vaccination.
La première contre-offensive venant de la Silicon Valley remonte au 26 février, à l’initiative de Pinterest et de YouTube. « Il n’y a rien de moins inspirant que la désinformation », indique un porte-parole de Pinterest, qui bloque désormais certains résultats sur la vaccination comme les comptes et les publications comportant de fausses informations médicales. De son côté, YouTube a pris la décision de démonétiser les vidéos promouvant des messages antivaccins. Une dernière pratique courante de la part des « antivax ». En février, une enquête du site The Daily Beast révélait l’achat et la diffusion de 147 spots publicitaires payés par 7 pages Facebook antivaccins aux Etats-Unis. Selon le média américain, ces spots visaient essentiellement les jeunes femmes âgées de plus de 25 ans, davantage susceptibles d’avoir un projet d’enfant et d’être donc confrontées à la vaccination dans les années à venir. En France aussi, la lutte contre la désinformation a cours. Elle est le fait, souvent, d’acteurs de la société civile. Ainsi, le 11 juin 2017, Thomas Durand, créateur de la chaîne YouTube La Tronche en biais, a mis en ligne une «Réponse à une maman Antivax», auteure d’une vidéo contre la vaccination. «Cette vidéo surréaliste m’a pris aux tripes, témoigne le docteur en biologie. Je me suis dit, les gens gobent tout ça, c’est grave, qu’est-ce qu’on peut faire?»
Saluées par de nombreuses institutions, les récentes annonces des Gafa pour lutter contre les contenus antivaccins inquiètent pourtant ceux qui se mobilisent en ligne. « Ces contenus risquent de se diffuser sur d’autres plateformes moins accessibles, mais continueront d’être partagés massivement», craint François, chirurgien à l’origine de la chaîne Primum non nocere. « La réponse doit être méthodique et pas seulement scientifique, juge Thomas Durand. Mais si le politique s’implique, cela risque de décrédibiliser les figures de la communauté scientifique. »
« Les gens gobent tout, c’est grave, qu’est-ce qu’on peut faire ? » Thomas Durand, youtubeur