Ugo Mola et la manière
Rugby Après des débuts compliqués, le coach toulousain retrouve les sommets
L’entraîneur français du moment, c’est lui. Ugo Mola (45 ans) marche sur l’eau avec le Stade Toulousain cette saison. Dimanche, sur les terres irlandaises du Leinster, il tentera de mener les Rouge et Noir en finale de la Champions Cup. Pas une mince affaire. Mais pour Mola et les Toulousains, audacieux et joueurs cette saison, rien n’est impossible. « Vous faites des paris, ça réussit, vous passez pour un champion, indique le natif de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Quand vous perdez, vous passez pour un gros con. C’est la vie de tout entraîneur. » L’ancien joueur formé au Stade Toulousain, triple champion de France et champion d’Europe en rouge et noir, sait de quoi il parle.
« Il a pu côtoyer d’autres clubs, voir d’autres façons de travailler. » Guy Novès, ex-coach du Stade
Son retour au bercail sur le banc, à l’été 2015, n’a pas été tout de suite couronné de succès. Pire, le club de la Ville rose avait touché le fond, il y a deux ans, en terminant douzième du Top 14, du jamais-vu depuis 1976. «Quand on a connu la réussite au Stade Toulousain, on doit se poser mille questions dans ces situations », observe Guy Novès. L’idole locale a choisi lui-même son successeur, Mola étant son « premier choix », avant de prendre les commandes du XV de France. Pourtant, à ce moment-là, Mola n’avait rien d’un foudre de guerre : il dirigeait Albi en Pro D2 et affichait un pedigree modeste, avec Mazamet (Fédérale 2), Castres et Brive...
« Il a évolué ailleurs avant de revenir, détaille Novès. Il a pu côtoyer d’autres clubs, voir d’autres façons de travailler et faire la synthèse. Cela a mis un peu de temps, le temps de mettre sa patte, de repartir sur une nouvelle génération. Il a su profiter de l’arrivée de jeunes joueurs talentueux, ainsi que de tous les éducateurs.» Avant de voir les Ntamack, Marchand et consorts exploser, il a d’abord fallu accompagner vers la sortie une génération glorieuse qui l’a parfois eu mauvaise. « Le costume était peut-être trop grand pour lui, expliquait le deuxième ligne Albacete dans L’Equipe en 2017. Il n’avait pas les épaules pour reprendre un groupe comme ça. »
« Je pense qu’au début, il s’est posé la question de sa légitimité après Guy Novès, analyse Julien Raynaud, qui a été entraîné par Mola à Albi. Ce n’était pas le vrai Ugo. » Mais après l’annus horribilis de 2017, Toulouse a remonté la pente, avec un savant mélange de cadres motivés et de jeunes affamés. Loué après avoir été éreinté, le technicien des Haut-Garonnais adopte un discours philosophe : «J’ai la faiblesse de penser que je ne suis pas plus mauvais ou bien meilleur qu’il y a deux ou trois ans. » Il est simplement mieux placé pour déccrocher un premier titre.