20 Minutes (Lille)

Ugo Mola et la manière

Rugby Après des débuts compliqués, le coach toulousain retrouve les sommets

- A Toulouse, Nicolas Stival

L’entraîneur français du moment, c’est lui. Ugo Mola (45 ans) marche sur l’eau avec le Stade Toulousain cette saison. Dimanche, sur les terres irlandaise­s du Leinster, il tentera de mener les Rouge et Noir en finale de la Champions Cup. Pas une mince affaire. Mais pour Mola et les Toulousain­s, audacieux et joueurs cette saison, rien n’est impossible. « Vous faites des paris, ça réussit, vous passez pour un champion, indique le natif de Sainte-Foy-la-Grande (Gironde). Quand vous perdez, vous passez pour un gros con. C’est la vie de tout entraîneur. » L’ancien joueur formé au Stade Toulousain, triple champion de France et champion d’Europe en rouge et noir, sait de quoi il parle.

« Il a pu côtoyer d’autres clubs, voir d’autres façons de travailler. » Guy Novès, ex-coach du Stade

Son retour au bercail sur le banc, à l’été 2015, n’a pas été tout de suite couronné de succès. Pire, le club de la Ville rose avait touché le fond, il y a deux ans, en terminant douzième du Top 14, du jamais-vu depuis 1976. «Quand on a connu la réussite au Stade Toulousain, on doit se poser mille questions dans ces situations », observe Guy Novès. L’idole locale a choisi lui-même son successeur, Mola étant son « premier choix », avant de prendre les commandes du XV de France. Pourtant, à ce moment-là, Mola n’avait rien d’un foudre de guerre : il dirigeait Albi en Pro D2 et affichait un pedigree modeste, avec Mazamet (Fédérale 2), Castres et Brive...

« Il a évolué ailleurs avant de revenir, détaille Novès. Il a pu côtoyer d’autres clubs, voir d’autres façons de travailler et faire la synthèse. Cela a mis un peu de temps, le temps de mettre sa patte, de repartir sur une nouvelle génération. Il a su profiter de l’arrivée de jeunes joueurs talentueux, ainsi que de tous les éducateurs.» Avant de voir les Ntamack, Marchand et consorts exploser, il a d’abord fallu accompagne­r vers la sortie une génération glorieuse qui l’a parfois eu mauvaise. « Le costume était peut-être trop grand pour lui, expliquait le deuxième ligne Albacete dans L’Equipe en 2017. Il n’avait pas les épaules pour reprendre un groupe comme ça. »

« Je pense qu’au début, il s’est posé la question de sa légitimité après Guy Novès, analyse Julien Raynaud, qui a été entraîné par Mola à Albi. Ce n’était pas le vrai Ugo. » Mais après l’annus horribilis de 2017, Toulouse a remonté la pente, avec un savant mélange de cadres motivés et de jeunes affamés. Loué après avoir été éreinté, le technicien des Haut-Garonnais adopte un discours philosophe : «J’ai la faiblesse de penser que je ne suis pas plus mauvais ou bien meilleur qu’il y a deux ou trois ans. » Il est simplement mieux placé pour déccrocher un premier titre.

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Ugo Mola affichait un CV de coach modeste avant d’entraîner les Rouge et Noir.
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