La tolérance progresse, les actes haineux aussi
Les Français sont de plus en plus fermement opposés au racisme, mais les actes malveillants progressent
Peut mieux faire. Voici ce qui ressort à la lecture du rapport annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur la lutte contre le racisme publié mardi, qui dresse un état des lieux du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie en France. La bonne nouvelle de ce rapport, c’est que « cette année, l’indice de tolérance est le plus élevé jamais enregistré depuis la création de cet indice en 1990 », explique Jean Tiberj, professeur des universités à Sciences po Bordeaux et coauteur du rapport.
Des préjugés antijuifs tenaces
Mais si les Français sont globalement plus tolérants en 2018, ils ne le sont pas nécessairement à l’égard des Roms. Non seulement ces derniers restent perçus comme «formant un groupe à part dans la société » (68 %), mais 52 % des sondés pensent que les Roms « ne veulent pas s’intégrer en France» et qu’ils «vivent essentiellement de vols et de trafics», peut-on lire dans le rapport. Un constat qui s’inscrit dans l’actualité récente. Fin mars, des expéditions punitives avaient été organisées à l’encontre de membres de la communauté rom. Autre information de ce rapport, les actes antisémites en hausse de plus de 70% sur un an, apprend-on, avec en 2018 pas moins de 541 faits antisémites, alors qu’ils étaient en baisse ces dernières années. En outre, les préjugés antijuifs restent tenaces : 20% des Français jugent que « les Juifs ont trop de pouvoir en France » et 36 % que «les Juifs ont un rapport particulier à l’argent». L’édition 2018 du rapport de la CNCDH observe que les musulmans bénéficient d’une meilleure image : 81% des sondés estiment qu’«il faut permettre aux musulmans de France d’exercer leur religion dans de bonnes conditions ».
Mais certaines pratiques religieuses musulmanes sont jugées «difficilement compatibles avec la France ». « Pour une frange de l’opinion, une femme voilée est soupçonnée soit de prosélytisme, soit d’être sous domination masculine», expose Jean Tiberj.