Le petit-fils de Deneuve sauvé ?
En guerre La radicalisation religieuse est un sujet très cinématographique s’il est bien traité, comme dans «L’Adieu à la nuit»
L’Adieu à la nuit met aux prises une grand-mère jouée par Catherine Deneuve face à son petit-fils (Kacey Mottet-Klein) qui envisage de partir pour la Syrie. Après s’être penché sur la guerre d’Algérie dans Les Roseaux sauvages, en 1994, André Téchiné évoque cette fois la radicalisation religieuse.
« C’est un sujet clivant et ouvert à la fois, estime le cinéaste. Mais ce film ne représente que mon regard sur ce sujet, c’est une proposition de cinéma. » Différente de celle rencontrée sur le même thème dans Le ciel attendra, Hadewicjh ou Paradise Now, mais tout aussi passionnante.
Des allures de thriller
Le jeune héros finira-t-il par partir ? L’Adieu à la nuit prend des allures de thriller autour de cette question. Le réalisateur montre tout de ses préparatifs, dont les moindres détails et problèmes matériels sont disséqués. « Il y avait là des éléments de polar, de film de braquage, sans besoin de forcer sur les codes de genre », insiste André Téchiné.
On ne peut s’empêcher d’éprouver de la tendresse pour ce gamin paumé, incarné par un comédien qu’André Téchiné avait déjà dirigé dans Quand on a 17 ans (Kacey Mottet-Klein avait d’ailleurs été nommé aux Césars en 2017 pour ce film, dans la catégorie meilleur espoir masculin). Le réalisateur de Nos années folles, qui a coécrit le film avec Léa Mysius, la réalisatrice d’Ava, s’est aussi livré à des recherches pour se familiariser avec les milieux djihadistes, qu’il ne connaissait pas. André Téchiné ne porte jamais de jugement sur les protagonistes du film. « J’ai essayé d’éviter la caricature, j’ai recherché la complexité morale en dressant un constat », signale-t-il. Il fait avancer l’histoire de ses héros vers une réflexion plus vaste sur ce qui pousse certains jeunes vers le sacrifice qu’implique leur radicalisation. Oulaya Amara (césarisée pour Divines) incarne la petite amie du héros qui le soutient dans son projet funeste. Leur relation est un moteur du film, qui emporte le public dans un monde brutal. Le spectateur se sent en empathie avec la grand-mère (lire l’encadré), en se demandant comment il agirait s’il était confronté à la même situation.